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Nadia & Lili Boulanger

NADIA & LILI BOULANGER DANS LE 9e
 

Ce jeudi 10 mars, alors que des nostalgiques de Serge Gainsbourg allaient peut-être à la recherche de « Marilou » dans un des salons de notre mairie où se tenait une exposition consacrée au chanteur, enfant du 9e également, un public curieux était venu au même moment en savoir plus sur la saga Boulanger, autrement dit la « Boulangerie » comme est souvent évoquée, par les spécialistes, la famille de ces illustres musiciens, hôtes de notre arrondissement pendant si longtemps. 

C’est en effet une conférencière très érudite, Elizabeth Giuliani, directrice du département musique à la BNF, qui en présence de  la déléguée générale du Centre International Nadia et Lili Boulanger, allait évoquer avec talent l’ancrage et le rayonnement des deux sœurs dans l’arrondissement. 

Après avoir montré que le 9e était bien l’arrondissement de la modernité mais aussi d’une certaine culture artistique dès le XIXe, Elizabeth Giuliani débuta alors sa conférence  en montrant une carte postale postée des Etats-Unis par Aaron Copland, compositeur américain du XXe siècle, à l’adresse de Nadia Boulanger, 36 rue Ballu, lieu qu’elle habitera pendant 75 ans ! Cette carte est en effet là un des illustres et nombreux témoignages d’attachement à cette grande musicienne.

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36, rue Ballu 75009 Paris

Si cette adresse est liée désormais à Nadia Boulanger, de nombreux lieux de l’arrondissement furent fréquentés par les deux sœurs, comme le rappela notre conférencière. Ainsi le Conservatoire lui même, dirigé à l'époque par Gabriel Fauré, et avant son déménagement rue de Madrid en 1911, et où les deux soeurs furent de brillantes élèves obtenant des prix de composition. Mais  aussi des lieux plus festifs comme la Brasserie Wepler, après un concert donné par Lili salle Pleyel, ou encore le Café de la Paix où se rencontraient dans les années 30, Yehudi Menuhin, Manuel de Falla, Nadia et leurs élèves.

Étonnant également de découvrir ce tableau généalogique qui montre que quatre générations de la même famille de musiciens allaient fréquenter notre arrondissement dès le début du XIXe siècle !

 La grand-mère de Lili et Nadia fut ainsi cantatrice à la création de « La Dame Blanche » de Boieldieu à l'Opéra-Comique en 1825. Leur père Ernest, lui-même compositeur et ami de Jules Massenet, épousa une jeune princesse russe, Raïssa, chanteuse également.Parents de quatre filles dont deux décédèrent peu après la naissance, ils eurent de nombreuses adresses dans le 9e, rue de Maubeuge, rue La Bruyère …

Après la mort du père en 1900, Raïssa, Nadia et Lili s’installèrent alors dans l’appartement de la rue Ballu en 1904, mais malheureusement la sœur cadette de Nadia, Lili,  de santé fragile et à la carrière musicale pourtant prometteuse, allait mourir précocement en 1918, à 24 ans. Leur mère Raïssa allait lui survivre jusqu’en 1935. 

C’était un immeuble « bien habité » au coin de la rue Vintimille, où Nadia vécut donc au 4e étage d’un grand appartement où se pressèrent jusqu’à 150 personnes lors de concerts qu’elle donnait régulièrement !  Il était décoré de nombreux portraits et photos de famille mais aussi d’amis musiciens comme Gabriel Fauré ou Igor Stravinski. Il était surtout équipé d’un piano-forte et même d’un orgue Cavaillé-Coll ! Ce lieu allait alors devenir une sorte de Mecque de la musique…

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Nadia Boulanger et Yehudi Menuhin

Elizabeth Giuliani indiqua également lors de sa conférence, que Nadia tenait un carnet où elle notait précisément pour chaque jour de la semaine, toutes les personnes qui venaient chez elle, au premier rang desquelles ses amis musiciens Georges Caussade et Raoul Pugno, notamment lors de ces fameux concerts  donnant lieu à des programmes imprimés.  Furent  également invités des voisins comme Alexandrine Zola ou Georges Bailet, sociétaire de la Comédie Française.

Mais Nadia Boulanger fut également une grande pédagogue dont les cours assurèrent sa réputation dès 1921, les cours du mercredi, cours de cantate. Elle eut ainsi comme élèves, Astor Piazzola en 1955, mais aussi Paul Valéry. Plus récemment, des artistes célèbres et aussi variés que Léonard Bernstein, Quincy Jones, Phil Glass, Michel Legrand et bien d’autres encore se réclamèrent de la « Boulangerie » !

Le salon avec son dessus de  cheminée, copie du fond de la chapelle de la Vierge de l’église de la Sainte-Trinité, allait devenir un véritable lieu de mémoire après la mort de la grande musicienne en 1979.

C’est dans cette même église que furent d’ailleurs célébrées les obsèques des deux sœurs, désormais réunies au cimetière de Montmartre.   

Un bien passionnante conférence animée aussi par quelques extraits sonores et visuels qui a ravi l’assistance comme on put ensuite le constater lors de notre traditionnel verre de l’amitié.     

 

Emmanuel FOUQUET


Date de création : 12/03/2016 • 10:00
Catégorie : - Echos du Terrain
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