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La Presse dans le 9e au 19e - octobre 2016

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LA PRESSE DANS LE 9e AU 19e SIÈCLE
POUVOIR ET PASSION
 

Jeudi 13 octobre 2016, Didier Chagnas administrateur de 9ème Histoire présentait à la mairie du 9e une conférence sur le thème de « La presse au 19e siècle dans le 9e » qui nous permit de mieux comprendre la naissance dans notre arrondissement du « quatrième pouvoir ».

C'est par un hommage à un journaliste du 18e siècle des Lumières et de la Révolution, Joseph Antoine Cerutti (1738-1792) que commença l’exposé. Nous lui devons La Feuille Villageoise (1790), adressée chaque semaine aux villages de France pour instruire les citoyens de leurs droits et de leurs devoirs. À sa mort, en 1792, son nom fut donné à la rue qu’il habitait et où il mourut. L'actuel boulevard des Italiens portait aussi son nom. La rue Cerutti redeviendra rue d'Artois en 1814, puis rue Laffitte en 1830.

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Non loin, rue Chantereine (rue de la Victoire) résidait le général Bonaparte après son mariage (1796). Remarquable communiquant, le général en chef de l’armée d’Italie créa Le Courrier de l’armée d’Italie et La France vue de l’armée d’Italie, qui éclairaient d’un éclat particulier ses victoires (1797). Autre exemple de communication réussie, après sa chute, le Mémorial de Sainte-Hélène, publié après sa mort.

En 1815, pendant les Cent-Jours, Joseph Fouché (1759-1820), ministre de la police générale de l’empereur créa Le Constitutionnel sous le nom de l’Intransigeant, en son hôtel 9 rue d'Artois, aujourd'hui rue Laffitte. Après un rachat par Louis Véron en 1844 puis par le banquier Jules Mirès en 1852, le journal Le Constitutionnel cessa de paraître en 1914.

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Adolphe Thiers                                                   François Auguste Millet                                                          Armand Carrel

Le 3 janvier 1830, trois journalistes Adolphe Thiers, François Auguste Mignet, Armand Carrel et un imprimeur s'associent pour fonder Le National, journal de l’opposition libérale, hébergé rue d'Artois chez le banquier Laffitte. Quelques mois plus tard, la première des ordonnances de 1830 suspend la liberté de la presse, rétablit la censure et l'autorisation préalable. Dans les bureaux du National, Adolphe Thiers organise la riposte et rédige le 26 juillet la protestation solennelle de 44 journalistes représentant 12 journaux. Plusieurs d’entre eux publient la Proclamation, malgré l'interdiction.

Après trois jours d’émeutes, la couronne des barricades est offerte à Louis-Philippe. La charte de 1830 rétablit la liberté de la presse. De nombreux journaux voient le jour. Certains participent aussitôt à la « campagne de l’irrespect » : La Caricature (1831) Le Charivari (1832) auxquels collaborent Gavarni et Henry Monnier. Puis les temps changent, la lune de miel entre la presse et le pouvoir est terminée. Suite à l'attentat de Fieschi contre le roi (28 juillet 1835), les lois de septembre 1835 sont suivies de procès et d’interdictions. Adolphe Thiers, pourtant venu du journalisme (Le Constitutionnel, Le National), ministre de l’intérieur (1832) puis premier ministre de Louis-Philippe (1836), agit à l’encontre des idées de ses premières années en politique.

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Le Charivari                                                  La Presse

Le 1er Juillet 1836, le journaliste Émile de Girardin crée La Presse dans son hôtel particulier rue Saint-Georges. C’est un nouveau concept. Grâce aux recettes publicitaires, le prix du quotidien est réduit de moitié (journal à 1 sou). Girardin développe la vente au numéro, les abonnements aussi et innove en publiant les premiers romans feuilletons (Alexandre Dumas, Balzac) qui fidélisent un lectorat populaire.  

Le même jour, non loin de la rue Saint-Georges, dans l'hôtel particulier de Jacques Laffitte, paraît Le Siècle dArmand Dutacq. Concurrent direct de La Presse, au prix de 5c également, Le Siècle « invente » lui aussi la publication de romans feuilletons. Le quotidien est financé par Odilon Barrot, avocat et député monarchiste de gauche. Le directeur littéraire est l’écrivain Louis Desnoyers, ancien rédacteur à La Caricature et au Charivari, lequel réside 14 rue Navarin (plaque commémorative).

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Armand Carrel sur son lit de mort

Les passions se déchaînent. Émile de Girardin (La Presse) accusé de concurrence déloyale et Armand Carrel  (Le National) menacé de révélations sur sa vie privée, se battent en duel le 21 juillet 1836. Émile de Girardin échappe à l’amputation. Armand Carrel meurt des suites de sa blessure trois jours plus tard.

Au 51 rue Saint-Georges, à l’emplacement de l'actuel Théâtre Saint-Georges, se trouvait l’hôtel particulier de Moise Polydore Millaud, fondateur du Petit Journal en 1863. Millaud avait racheté à Girardin ses droits sur La Presse en 1856. Le Dr. Charles Edwards racheta l'hôtel particulier à Millaud. Son fils Alfred Edwards fut le fondateur du Matin.

le-petit-journal-1.jpg 

Le premier numéro du Matin parut le 26 février 1884 sur le modèle du britannique Morning News. Les locaux du Matin étaient regroupés 2-6 boulevard et rue du faubourg-Poissonnière dans le 9e.

À la fin du 19e siècle, les grands journaux ne siègent plus dans les hôtels particuliers de leurs fondateurs devenus trop étroits. Ils occupent désormais des immeubles construits et structurés pour tenir compte de leur expansion et de leurs différents métiers (salle de rédaction, imprimerie, salle d’édition, hall d’exposition, salle des fêtes etc.). Les immeubles de presse font partie du paysage urbain de notre arrondissement, tel le siège de l’Illustration dont le nom est gravé dans la pierre depuis 1880, 15 rue Saint-Georges. Il s’agit d’affirmer sa puissance, de tenir son rang, d’avoir « pignon sur rue ».

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L'Illustration, rue St Georges et le Petit Journal, rue Cadet

L’architecture des immeubles de presse est composite, à la fois monumentale et pratique, fonctionnelle, selon les normes industrielles du 19e siècle. Les façades parfois ostentatoires, sculptées ou ornées, la riche décoration intérieure (escaliers, salles des fêtes) rivalisent avec celles des journaux concurrents, des banques voisines, voire des mairies d’arrondissement qui se construisent à cette époque. La visibilité de l’immeuble-hôtel particulier du Figaro, non loin de la discrète mairie du 9e rue Drouot, lance aux lecteurs, aux passants et aux officiels, un message clair ! Le journal est beau, riche et puissant. Il est aussi l’âme de la rue et du quartier.

Autour des journaux et des imprimeries, se greffent aussi de multiples métiers, grands et petits, vivant le jour comme la nuit de l’industrie de la presse : fournisseurs, sous-traitants, brasseries, restaurants, bouillons qui, comme leur clientèle de typographes et de rédacteurs, travaillent le soir et la nuit …

Le Siècle fut le premier en 1868, à transférer son siège et ses services dans un immeuble 24 rue Chauchat. Il fut suivi en 1869 par Le Petit Journal de Millaud qui emménage avec l’imprimerie, dans un impressionnant « complexe » 61 rue La Fayette - 21 rue Cadet - rue Lamartine.

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Façade du Figaro 26, rue Drouot

Hippolyte de Villemessant fait édifier en 1874 un immeuble prestigieux 26 rue Drouot pour héberger Le Figaro. Depuis sa création en 1826, Le Figaro avait eu plusieurs adresses dans le 9e : cité Bergère, rue Rossini. Rue Drouot, un carillon sonnait l'air du Barbier de Séville. La statue en bronze de la façade est aujourd'hui dans les locaux du quotidien, boulevard Haussmann.  Les locaux de La Lanterne fondée en 1868 par Henri Rochefort sont 3 rue Rossini. À son retour d’exil en 1880 le polémiste, est accueilli en triomphe. Il habite un petit hôtel particulier 5 cité Malesherbes et devient le premier rédacteur-en-chef de L’Intransigeant fondé par Eugène Mayer (directeur du titre La Lanterne repris en 1877).

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Henri Rochefort                                                     Louis Andrieux

En 1876, La Petite République française, liée à Gambetta est fondée 53 rue de la Chaussée-d’Antin. Le Petit Parisien, journal politique du soir, créé par Louis Andrieux la même année (1876), s’installe 11 rue faubourg-Montmartre puis rejoint (1878) l’immeuble de Jean Dupuis 18 rue d’Enghien (10e), lequel devient le directeur officiel du quotidien en 1884.

Au 10 rue du faubourg-Montmartre Le Temps fut fondé en 1861 par un ancien journaliste de La Presse,  Auguste Nefftzer, alsacien et protestant. Le Temps y demeura pendant treize années jusqu’en 1884, avant de se fixer 5 boulevard des Italiens, toujours dans le 9e. En 1880, à ce même numéro 10 rue du faubourg-Montmartre, on trouvait La Justice de Georges Clemenceau et Camille Pelletan.

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Arthur Meyer en 1880 et en 1914

Non loin de là, 4 rue Drouot, Arthur Meyer installa le journal Le Gaulois, qu’il avait acheté aux fondateurs en 1879. Royaliste, antidreyfusard, converti au catholicisme, Meyer en fit le quotidien de la noblesse et de la grande bourgeoisie.  En 1881, Meyer et Alfred Grévin eurent l’idée de présenter au public les célébrités qui faisaient la une du Gaulois sous forme de mannequins de cire dans une galerie. Ce sera le Musée Grévin en 1882.

On trouvait au 10 boulevard des Capucines, Gil Blas, quotidien créé en 1879 par Auguste Dumont, et son supplément hebdomadaire, Gil Blas illustré (1891). Le journal publiait des articles et des contes de Maupassant. Des romans de Zola paraissaient régulièrement en feuilletons. 

Nous revenons pour terminer à la médiatique Maison dorée 1 rue Laffitte qui hébergea, entre autres, L’Évènement de Paul Meurice et des deux fils Hugo (1848-1851), Le Mousquetaire d’Alexandre Dumas (1853-1857), Paris (1852-1853) du comte Charles Villedeuil, quotidien littéraire auquel collaborèrent ses cousins les frères Goncourt et Gavarni, et enfin La revue Blanche des frères Natanson (Paris 1891-1903) installée 1 rue Laffitte après un séjour 19 rue des Martyrs.

Le Figaro, après avoir délaissé le 9e arrondissement pendant plusieurs décennies est revenu s'y enraciner, 14 boulevard Haussmann, en 2005. Notre arrondissement a été choisi en 2011 par Google France pour installer son siège parisien qui comprend un centre de recherche et développement ainsi qu'un institut culture, 8 rue de Londres, dans l’ancien hôtel de Vatry entièrement rénové.

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À l’issue de la conférence, autour du verre de l’amitié et du traditionnel buffet maison, les participants eurent plaisir à échanger entre eux, à faire le lien entre les lieux, les titres de presse évoqués et leurs plus anciens souvenirs.

                                                                                                                      Angelo DEODATO & Didier CHAGNAS

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LA PRESSE DANS LE 9e AU 19e SIÈCLE
POUVOIR ET PASSION
 

Jeudi 13 octobre 2016, Didier Chagnas administrateur de 9ème Histoire présentait à la mairie du 9e une conférence sur le thème de « La presse au 19e siècle dans le 9e » qui nous permit de mieux comprendre la naissance dans notre arrondissement du « quatrième pouvoir ».

C'est par un hommage à un journaliste du 18e siècle des Lumières et de la Révolution, Joseph Antoine Cerutti (1738-1792) que commença l’exposé. Nous lui devons La Feuille Villageoise (1790), adressée chaque semaine aux villages de France pour instruire les citoyens de leurs droits et de leurs devoirs. À sa mort, en 1792, son nom fut donné à la rue qu’il habitait et où il mourut. L'actuel boulevard des Italiens portait aussi son nom. La rue Cerutti redeviendra rue d'Artois en 1814, puis rue Laffitte en 1830.

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Non loin, rue Chantereine (rue de la Victoire) résidait le général Bonaparte après son mariage (1796). Remarquable communiquant, le général en chef de l’armée d’Italie créa Le Courrier de l’armée d’Italie et La France vue de l’armée d’Italie, qui éclairaient d’un éclat particulier ses victoires (1797). Autre exemple de communication réussie, après sa chute, le Mémorial de Sainte-Hélène, publié après sa mort.

En 1815, pendant les Cent-Jours, Joseph Fouché (1759-1820), ministre de la police générale de l’empereur créa Le Constitutionnel sous le nom de l’Intransigeant, en son hôtel 9 rue d'Artois, aujourd'hui rue Laffitte. Après un rachat par Louis Véron en 1844 puis par le banquier Jules Mirès en 1852, le journal Le Constitutionnel cessa de paraître en 1914.

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Adolphe Thiers                                                   François Auguste Millet                                                          Armand Carrel

Le 3 janvier 1830, trois journalistes Adolphe Thiers, François Auguste Mignet, Armand Carrel et un imprimeur s'associent pour fonder Le National, journal de l’opposition libérale, hébergé rue d'Artois chez le banquier Laffitte. Quelques mois plus tard, la première des ordonnances de 1830 suspend la liberté de la presse, rétablit la censure et l'autorisation préalable. Dans les bureaux du National, Adolphe Thiers organise la riposte et rédige le 26 juillet la protestation solennelle de 44 journalistes représentant 12 journaux. Plusieurs d’entre eux publient la Proclamation, malgré l'interdiction.

Après trois jours d’émeutes, la couronne des barricades est offerte à Louis-Philippe. La charte de 1830 rétablit la liberté de la presse. De nombreux journaux voient le jour. Certains participent aussitôt à la « campagne de l’irrespect » : La Caricature (1831) Le Charivari (1832) auxquels collaborent Gavarni et Henry Monnier. Puis les temps changent, la lune de miel entre la presse et le pouvoir est terminée. Suite à l'attentat de Fieschi contre le roi (28 juillet 1835), les lois de septembre 1835 sont suivies de procès et d’interdictions. Adolphe Thiers, pourtant venu du journalisme (Le Constitutionnel, Le National), ministre de l’intérieur (1832) puis premier ministre de Louis-Philippe (1836), agit à l’encontre des idées de ses premières années en politique.

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Le Charivari                                                  La Presse

Le 1er Juillet 1836, le journaliste Émile de Girardin crée La Presse dans son hôtel particulier rue Saint-Georges. C’est un nouveau concept. Grâce aux recettes publicitaires, le prix du quotidien est réduit de moitié (journal à 1 sou). Girardin développe la vente au numéro, les abonnements aussi et innove en publiant les premiers romans feuilletons (Alexandre Dumas, Balzac) qui fidélisent un lectorat populaire.  

Le même jour, non loin de la rue Saint-Georges, dans l'hôtel particulier de Jacques Laffitte, paraît Le Siècle dArmand Dutacq. Concurrent direct de La Presse, au prix de 5c également, Le Siècle « invente » lui aussi la publication de romans feuilletons. Le quotidien est financé par Odilon Barrot, avocat et député monarchiste de gauche. Le directeur littéraire est l’écrivain Louis Desnoyers, ancien rédacteur à La Caricature et au Charivari, lequel réside 14 rue Navarin (plaque commémorative).

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Armand Carrel sur son lit de mort

Les passions se déchaînent. Émile de Girardin (La Presse) accusé de concurrence déloyale et Armand Carrel  (Le National) menacé de révélations sur sa vie privée, se battent en duel le 21 juillet 1836. Émile de Girardin échappe à l’amputation. Armand Carrel meurt des suites de sa blessure trois jours plus tard.

Au 51 rue Saint-Georges, à l’emplacement de l'actuel Théâtre Saint-Georges, se trouvait l’hôtel particulier de Moise Polydore Millaud, fondateur du Petit Journal en 1863. Millaud avait racheté à Girardin ses droits sur La Presse en 1856. Le Dr. Charles Edwards racheta l'hôtel particulier à Millaud. Son fils Alfred Edwards fut le fondateur du Matin.

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Le premier numéro du Matin parut le 26 février 1884 sur le modèle du britannique Morning News. Les locaux du Matin étaient regroupés 2-6 boulevard et rue du faubourg-Poissonnière dans le 9e.

À la fin du 19e siècle, les grands journaux ne siègent plus dans les hôtels particuliers de leurs fondateurs devenus trop étroits. Ils occupent désormais des immeubles construits et structurés pour tenir compte de leur expansion et de leurs différents métiers (salle de rédaction, imprimerie, salle d’édition, hall d’exposition, salle des fêtes etc.). Les immeubles de presse font partie du paysage urbain de notre arrondissement, tel le siège de l’Illustration dont le nom est gravé dans la pierre depuis 1880, 15 rue Saint-Georges. Il s’agit d’affirmer sa puissance, de tenir son rang, d’avoir « pignon sur rue ».

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L'Illustration, rue St Georges et le Petit Journal, rue Cadet

L’architecture des immeubles de presse est composite, à la fois monumentale et pratique, fonctionnelle, selon les normes industrielles du 19e siècle. Les façades parfois ostentatoires, sculptées ou ornées, la riche décoration intérieure (escaliers, salles des fêtes) rivalisent avec celles des journaux concurrents, des banques voisines, voire des mairies d’arrondissement qui se construisent à cette époque. La visibilité de l’immeuble-hôtel particulier du Figaro, non loin de la discrète mairie du 9e rue Drouot, lance aux lecteurs, aux passants et aux officiels, un message clair ! Le journal est beau, riche et puissant. Il est aussi l’âme de la rue et du quartier.

Autour des journaux et des imprimeries, se greffent aussi de multiples métiers, grands et petits, vivant le jour comme la nuit de l’industrie de la presse : fournisseurs, sous-traitants, brasseries, restaurants, bouillons qui, comme leur clientèle de typographes et de rédacteurs, travaillent le soir et la nuit …

Le Siècle fut le premier en 1868, à transférer son siège et ses services dans un immeuble 24 rue Chauchat. Il fut suivi en 1869 par Le Petit Journal de Millaud qui emménage avec l’imprimerie, dans un impressionnant « complexe » 61 rue La Fayette - 21 rue Cadet - rue Lamartine.

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Façade du Figaro 26, rue Drouot

Hippolyte de Villemessant fait édifier en 1874 un immeuble prestigieux 26 rue Drouot pour héberger Le Figaro. Depuis sa création en 1826, Le Figaro avait eu plusieurs adresses dans le 9e : cité Bergère, rue Rossini. Rue Drouot, un carillon sonnait l'air du Barbier de Séville. La statue en bronze de la façade est aujourd'hui dans les locaux du quotidien, boulevard Haussmann.  Les locaux de La Lanterne fondée en 1868 par Henri Rochefort sont 3 rue Rossini. À son retour d’exil en 1880 le polémiste, est accueilli en triomphe. Il habite un petit hôtel particulier 5 cité Malesherbes et devient le premier rédacteur-en-chef de L’Intransigeant fondé par Eugène Mayer (directeur du titre La Lanterne repris en 1877).

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Henri Rochefort                                                     Louis Andrieux

En 1876, La Petite République française, liée à Gambetta est fondée 53 rue de la Chaussée-d’Antin. Le Petit Parisien, journal politique du soir, créé par Louis Andrieux la même année (1876), s’installe 11 rue faubourg-Montmartre puis rejoint (1878) l’immeuble de Jean Dupuis 18 rue d’Enghien (10e), lequel devient le directeur officiel du quotidien en 1884.

Au 10 rue du faubourg-Montmartre Le Temps fut fondé en 1861 par un ancien journaliste de La Presse,  Auguste Nefftzer, alsacien et protestant. Le Temps y demeura pendant treize années jusqu’en 1884, avant de se fixer 5 boulevard des Italiens, toujours dans le 9e. En 1880, à ce même numéro 10 rue du faubourg-Montmartre, on trouvait La Justice de Georges Clemenceau et Camille Pelletan.

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Arthur Meyer en 1880 et en 1914

Non loin de là, 4 rue Drouot, Arthur Meyer installa le journal Le Gaulois, qu’il avait acheté aux fondateurs en 1879. Royaliste, antidreyfusard, converti au catholicisme, Meyer en fit le quotidien de la noblesse et de la grande bourgeoisie.  En 1881, Meyer et Alfred Grévin eurent l’idée de présenter au public les célébrités qui faisaient la une du Gaulois sous forme de mannequins de cire dans une galerie. Ce sera le Musée Grévin en 1882.

On trouvait au 10 boulevard des Capucines, Gil Blas, quotidien créé en 1879 par Auguste Dumont, et son supplément hebdomadaire, Gil Blas illustré (1891). Le journal publiait des articles et des contes de Maupassant. Des romans de Zola paraissaient régulièrement en feuilletons. 

Nous revenons pour terminer à la médiatique Maison dorée 1 rue Laffitte qui hébergea, entre autres, L’Évènement de Paul Meurice et des deux fils Hugo (1848-1851), Le Mousquetaire d’Alexandre Dumas (1853-1857), Paris (1852-1853) du comte Charles Villedeuil, quotidien littéraire auquel collaborèrent ses cousins les frères Goncourt et Gavarni, et enfin La revue Blanche des frères Natanson (Paris 1891-1903) installée 1 rue Laffitte après un séjour 19 rue des Martyrs.

Le Figaro, après avoir délaissé le 9e arrondissement pendant plusieurs décennies est revenu s'y enraciner, 14 boulevard Haussmann, en 2005. Notre arrondissement a été choisi en 2011 par Google France pour installer son siège parisien qui comprend un centre de recherche et développement ainsi qu'un institut culture, 8 rue de Londres, dans l’ancien hôtel de Vatry entièrement rénové.

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À l’issue de la conférence, autour du verre de l’amitié et du traditionnel buffet maison, les participants eurent plaisir à échanger entre eux, à faire le lien entre les lieux, les titres de presse évoqués et leurs plus anciens souvenirs.

                                                                                                                      Angelo DEODATO & Didier CHAGNAS

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Date de création : 19/10/2016 • 08:23
Catégorie : 9ème Histoire - Echos du Terrain
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