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Berthe Morisot - le 12/08/2019 • 13:06 par HTa


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Berthe Morisot -   Dans la véranda, 1884  - © collection privée.
 



Berthe Morisot

 


Cet été, deux femmes ont été mises à l’honneur dans deux grands musées parisiens ; la première, Dora Maar, au Centre Pompidou du 5 juin au 29 juillet ; la deuxième Berthe Morisot, au musée d’Orsay du 18 juin au 22 septembre.

Dora Maar, surtout connue pour avoir été, un temps, la compagne de Picasso, était pourtant une artiste à part entière. Si, après sa rencontre avec le peintre espagnol, elle avait délaissé la photographie pour s’adonner essentiellement à la peinture, elle reste, avant tout, une photographe remarquable. Très éclectique, son objectif a fixé tout d’abord ses proches, connus ou inconnus, puis des modèles (pour les grands couturiers ou les magazines de mode), des paysages, les bas-fonds londoniens ainsi que de vieux quartiers parisiens aux bâtiments lépreux, un peu à la façon d’un Atget ou d’un Ronis. Elle méritait mieux qu’une exposition de courte durée en plein été.

Quant à Berthe Morisot, une sélection de son œuvre (composée au total d’environ 400 tableaux) est présentée actuellement au musée d’Orsay.

Le choix des tableaux exposés porte sur « les figures et les portraits » et ces œuvres sont présentées selon un ordre thématique (« Vie Moderne », « Figures en Plein Air », « Femmes à leur Toilette », « Femmes au Travail », « Finis/ non Finis », « Un Atelier à soi »…) et chronologique.
 


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Berthe Morisot  -  Jeune fille près d'une fenêtre, 1879 - © RMN musée d'Orsay.


Berthe Morisot est réputée être la grande figure féminine du groupe impressionniste même si on peut considérer l’Américaine Mary Cassatt comme faisant également partie du groupe.

Berthe est née à Bourges en 1841 ; ses parents qui appartenaient à la grande bourgeoisie (son père était préfet) étaient ouverts aux arts.
S’il était de bon ton, à l’époque, pour une femme d’apprendre la musique ou le dessin, c’était en amateur, en attendant de se marier (c’est ce qui s’est passé dans le cas de la sœur de
Berthe, Edma, qui après avoir pris des cours de peinture, se maria à M. Pontillon et délaissa cet art qu’elle maîtrisait fort bien). Mais ce n’était pas du tout ainsi que Berthe envisageait son avenir, elle voulait faire de la peinture une profession, comptant ainsi assurer son indépendance. Dès 1857, elle fit des études artistiques auprès de Joseph Guichard (1806-1880), puis se mit à copier les œuvres du Louvre avant de s’initier à la peinture en plein air auprès de Corot.

C’est d’abord au Salon officiel qu’elle exposa ses premières toiles, répétant l’expérience année après année pendant près de dix ans (sauf en 1869 et 1871). C’est à cette occasion qu’elle fit la connaissance d’Édouard Manet qui la représenta douze fois dans ses propres tableaux et qui resta toute sa vie un intime de Berthe. Malgré l’avis contraire de ce dernier elle adhéra dès le début au courant impressionniste et exposa aux côtés des impressionnistes tous les ans, sauf en 1879 après la naissance de sa fille, Julie.

Très proche d’Édouard Manet, déjà marié, c’est son frère, Eugène, qu’elle épousa en 1874.
 


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Berthe Morisot  -  Monsieur Manet et sa fille, 1883  - © Musée Marmottan Monet
 


Tout au long de sa carrière, elle fit poser ses proches : ses sœurs d’abord, puis ce furent sa fille, ses nièces et son mari qui lui servirent de modèles soit dans des scènes d’intérieur, soit dans des scènes de plein air. Les tableaux peints en extérieur étaient généralement achevés en atelier.

Par contre, pour réaliser ce qu’Orsay intitule « Femmes à leur toilette », ce furent des modèles professionnels qu’elle utilisa.
 


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Berthe Morisot - Devant la psyché, 1890  - © collection Fondation P. Gianadda, Martigny CH
 


Elle peignait surtout des scènes de « sa » vie quotidienne, celle représentant la bonne bourgeoisie vivant confortablement dans des maisons avec vue sur un jardin et villégiature, les femmes toujours élégamment habillées non pas par des grands couturiers à la mode mais par d’habiles couturières les imitant.

Elle représentait aussi des femmes d’un milieu plus modeste (salle « Femmes au Travail ») : des nourrices, des domestiques, des lingères… montrées dans l’exécution de leurs tâches quotidiennes, signifiant ainsi que le mariage et la maternité n’étaient pas les seuls « débouchés » pour les femmes.
 


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Berthe Morisot  -  Blanchisseuse, 1881  - © Ny Calsberg Glyptotek - Copenhague
 


Certains critiques d’art ont reproché à Berthe Morisot de ne pas achever ses tableaux (« salle « Finis/ non Finis ») ; il est vrai que le pourtour de certains tableaux reste non peint et donne une impression d’inachevé, tout comme certains visages dont les yeux, la bouche, le nez ne sont pas représentés mais peut-être est-ce un parti pris de l’artiste et non une marque d’inachevé.

Si les parents de Morisot se sont révélés plutôt conciliants, acceptant de faire construire pour leurs filles artistes un studio (salle intitulée « Un atelier à soi », d’après le titre du roman de Virginia Woolf « A Room of one’s own »), et encourageant la carrière de Berthe, il n’en est pas de même de leurs contemporains qui ne comprenaient pas qu’une fille de 33 ans puisse n’être pas mariée et prétende épouser une carrière artistique.
 


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Berthe Morisot  -  Vue du Petit Port de Lorient, 1869  - © National Gallery of Arts Washington DC


Rebelle, elle l’était, refusant plusieurs prétendants et décidant de vivre de sa peinture ; rebelle également lorsqu’elle rejoignit le groupe des impressionnistes très fortement critiqués à leur début.

Elle vécut non pas dans son milieu social d’origine mais entourée d’artistes (Manet, Degas, Renoir, Monet, Fantin-Latour, Mallarmé…), organisant même pour eux des dîners, le jeudi soir, dans sa maison du 40, rue Villejust.

Parce qu’elle était femme, jamais elle n’obtint la notoriété d’un Manet ou d’un Degas même si dans le milieu artistique elle était pleinement reconnue ; on l’a souvent représentée comme le peintre des femmes, de la maternité, de la famille alors que son œuvre est très variée (paysages, marines…) comme le montre l’exposition d’Orsay consacrée à une artiste disparue trop tôt, à l’âge de 54 ans.
 


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Berthe Morisot  -  Cache-Cache, 1873  - © collection particulière.
 

Pour ceux qui voudrait en savoir plus sur Berthe Morisot : « Berthe Morisot, le Secret de la Femme en Noir » de Dominique Bona - Éditions Grasset.

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Musée d'Orsay
1, rue de la Légion d'Honneur
75007 Paris

Ouvert tous les jours de 9 h 30 à 18 h
Sauf lundi
Jusqu’au 22 septembre
2019

 

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Hélène TANNENBAUM
 

© 9ème Histoire 2019