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L'Hôtel Cromot du Bourg

© Emmanuel Fouquet 2018-2019 © 9e Histoire - 2018-2019


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Hôtel Cromot du Bourg - Façade restaurée de la cour.
 


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Façade cour avant restauration.

 



L’Hôtel Cromot du Bourg, les salons Pleyel
… et Chopin


 


Alors que la Ville de Paris a terminé en 2018, la réhabilitation de l’ensemble historique du 9, rue Cadet, il a semblé utile de revenir sur l’histoire de cet hôtel particulier du XVIIIe siècle et sur les salons Pleyel du premier étage qui ont vu le premier concert public donné par Frédéric Chopin à Paris.

Attardons nous un instant sur l’origine du lieu. L’enclos Cadet, en contrebas de la Butte-Montmartre, doit son nom tout d’abord à Jacques et Jean Cadet, maitres-jardiniers au XVIe siècle (sous Charles IX), mais bien plus tard, au XVIIIe siècle, à l’apothicaire devenu premier Commis aux Finances, Charles Edmond Cadet de Chambine qui possédait là des terrains maraîchers. Il vend une partie de ces terrains, en 1735, à Claude-Pierre Gallerand, chef de la fruiterie du roi Louis XV, qui commence la construction d’une résidence perpendiculaire au chemin de la Voierie (ancienne appellation de la rue Cadet).
 


UN HÔTEL PARTICULIER DU XVIIIe SIÈCLE

C’est durant cette période qu’est établi le corps de logis principal à deux étages sur rez-de-chaussée, perpendiculaire à la rue Cadet avec ses hautes fenêtres cintrées au premier étage. Les travaux sont arrêtés à la suite de la mort du propriétaire en 1750. Son successeur, Jean-François Boudrey, Commis aux finances, reprend la construction jusqu’à sa mort en 1760, avec  l’aile en retour le long de cette même rue Cadet dont l’ornementation est assez discrète avec sa corniche à modillons et dont l’entrée se situe de nos jours au niveau du n° 9.

On n’en connait malheureusement pas l’architecte. Certains attribuent les décors intérieurs à Jean-Michel Chevotet (1698-1772), prix de Rome et membre de l’Académie royale d’architecture, architecte du château de Champlâtreux et du pavillon de Hanovre. Le grand escalier néoclassique en pierre avec sa belle rampe en fer forgé menant aux salons du premier étage date aussi de cette époque (il est inscrit depuis 1987 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques).
 


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Buste de Jules David Cromot du Bourg par J.B. Lemoyne © National Gallery of Art Waslington DC
 

En 1762, l’hôtel est vendu à un des petits-neveux de Boudrey, Jules David Cromot (1725-1786), baron du Bourg (du nom de Bourg-Saint-Léonard dans l’Orne où celui-ci possédait un château toujours en place). Personnage intrigant et ambitieux, Premier Commis aux Finances, Cromot du Bourg agrandit son domaine à Paris en achetant en 1764 un nouveau terrain au sud, puis un autre grand terrain au nord, en 1767, avec le projet d’aménager là un vaste jardin au pied de la butte Montmartre. Passé au service de Monsieur (frère de Louis XVI et futur Louis XVIII), il en devient l’intendant général de ses Maisons, Domaines et Finances. Avec une charge de 200 000 livres, le surintendant peut rivaliser ainsi en faste avec d’autres dignitaires, tel son voisin dans le quartier, l’intendant des Menus Plaisirs du roi, Papillon de la Ferté dont la charge n'est que de 100 000 livres!  
 


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Plan du premier étage de l'hôtel Cromot du Bourg.
 


Il commande entre 1762 et 1786 le doublement du corps de logis perpendiculaire à la rue (dont une façade donne aujourd’hui au 7, rue Cadet) à Jean-François Thérèse Chalgrin (1739-1811), architecte très en vogue durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle (Premier architecte de Monsieur mais aussi concepteur à la fin de sa vie de l’Arc de Triomphe, pour Napoléon Ier !) Cromot du Bourg est d’ailleurs proche de celui-ci puisqu’il sera son témoin lors de son mariage avec la fille du peintre Joseph Vernet. Chalgrin va édifier également un pavillon assez étroit à deux étages, à l’extrémité du bâtiment rue (actuel 11, rue Cadet) à usage de chambre et de boudoir qui se distingue côté rue par son garde-corps à balustres en pierre toujours présent aujourd’hui.

Cet ancien boudoir, comme les salons de l’aile sur cour du premier étage, avec ses parquets en point de Hongrie et ses cheminées, ses grandes fenêtres à baies cintrées et ses volets intérieurs en bois, ses décors peints et ses lambris du XVIIIe siècle de style rocaille, seront classés monuments historiques en 1987. Les salons qui se succèdent en enfilade sont restés totalement en l’état jusqu’à la rénovation achevée en 2018 : l’antichambre (40m2), le grand salon (60m2), le petit salon (35m2), et même la chambre à coucher ou garde-robe (20m2).
 


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Le Boudoir - Dessus de porte et plafond.
 


On remarque ainsi dans l’antichambre trois dessus de porte en « grisaille », typiques du style décoratif à la mode dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, représentant des Putti (angelots), qui pourraient être attribués à Piat Joseph Sauvage, peintre flamand spécialiste des trompe-l’œil. Ils ont été heureusement conservés après avoir été déposés pendant la restauration des lieux.


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Antichambre grisaille avec putti.
 


Les dessus de porte de l’imposant grand salon sont encore ornés de peintures. Il semble toutefois qu’elles n’aient pas toujours été présentes ici. Ainsi il n’y a pas de correspondance complète entre elles car ces quatre dessus de porte chantournés se répondent plutôt deux à deux. Deux dessus de porte représentent en effet des allégories d’après Fragonard, deux autres mettent en scène des animaux dont l’attribution est difficile.


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Dessus de porte du grand salon d'après Fragonard.
 


Dans le petit salon (aussi chambre à coucher de Mme Cromot à l’époque) à côté qui est dépourvu de peintures, on remarque plutôt les corniches décorées de motifs sans doute inspirés des Fables de La Fontaine. Dans le charmant petit boudoir aux angles arrondis de l’aile sur rue, on peut remarquer deux dessus de porte, sans doute d’après Charles Joseph Natoire et encore deux trompe-l’œil de Sauvage (ou de son école) avec des amours encadrant la belle cheminée en bois datant elle sans doute du XIXe siècle.

Cet ensemble témoigne de l’opulence de Cromot du Bourg, même si l’ameublement de cet étage dû à l’ébéniste Georges Jacob a malheureusement disparu. À son décès en 1786, ses héritiers ne s’intéressent guère à cet hôtel (l’ainé poursuivra une carrière militaire et son fils cadet, Cromot de Fougy, qui avait récupéré la charge de surintendant des finances, occupera ce poste jusqu’à la Révolution mais émigrera en 1790). Sans doute contrainte et forcée, la veuve de Jules Cromot du Bourg cède alors les biens durant la période révolutionnaire à l’administration des Domaines Nationaux qui loue l’hôtel en différents lots.
 


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Grand escalier et détail de serrure de porte.
 


Au tout début du XIXe siècle, celui-ci connaît bien des vicissitudes puisque le rez-de-chaussée et les salons de l’aile sur cour sont occupés par un marchand de farine qui transforme les lieux en entrepôt ! L’hôtel ayant été mis aux enchères en 1807, les nouveaux propriétaires, les époux Marlier, établissent des baux de location et font construire un immeuble de rapport sur le terrain de l’actuel 7, rue Cadet. En 1813, l’ensemble, divisé en six lots, est revendu à des propriétaires différents qui, durant les années qui suivent et au fil des diverses locations, connaît des modifications de distribution intérieure et des usages nouveaux. Ainsi en 1823, le carrossier Alexis Robert développe un système original de voiture de messageries, les « voitures articulées ». Il habite lui-même au premier étage de l’aile sur rue donnant 9, rue Cadet. Un autre lot est occupé à la même époque par les financiers du nouveau quartier du Faubourg-Poissonnière, André et Cottier.
 


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L'enfilade des salons avant et après restauration.

 


UN HAUT LIEU DE LA MUSIQUE AVEC LES PLEYEL

C’est à cette époque que les Pleyel s’installent dans les lieux. Ignace Pleyel (1757-1831), d’origine autrichienne, avait d’abord été un grand musicien, aujourd’hui assez oublié, élève favori de Joseph Haydn en Angleterre puis maître d’orchestre de la Cathédrale de Strasbourg. Son talent de compositeur prolixe était loué partout, notamment par Mozart qui s’exclamera à propos de ses quatuors : « Ils sont très bien composés et fort agréables à entendre. Quel bonheur pour la musique ! ». Pendant la Révolution il est avec Rouget de Lisle compositeur de l’Hymne à la liberté et après de nombreux concerts à l’étranger, il s’installe à Paris. Il ouvre alors en 1797 une maison d’éditions musicales, boulevard Bonne Nouvelle. En 1807, son activité se recentre sur la fabrication et la vente de pianos. Il est soutenu par Rossini et surtout le renommé pianiste Kalkbrenner avec qui il va bientôt s’associer.
 


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Ignace Pleyel     -    Frédéric Kalkbrenner © GettyImages – DEA/A Dagli Orti 

Les bureaux sont d’abord établis au coin de la rue de la Grange-Batelière et de la rue du Faubourg-Montmartre. Puis Ignace Pleyel vieillissant demande à son fils Camille (1788-1855), lui-même pianiste, de le rejoindre et fonde en 1824 la société Pleyel et fils aîné. C’est à ce moment que la société va prendre son essor avec la fabrication de nombreux types de pianos (unicordes, verticaux, puis à queue). Dès 1827, les Pleyel décident de s’installer au 9, rue Cadet en lieu et place du marchand de farine !
La société comprend outre les Pleyel, père et fils, le compositeur et pianiste Frédéric Kalkbrenner qui y apporte des fonds. Une partie des locaux du rez-de-chaussée est consacrée à la facture d’instruments, les salons du premier étage à l’exposition et à la vente, mais aussi à l’enseignement. Bien vite les pièces de réception de l’aile sur cour commencent à être utilisées de temps à autre pour des concerts (on y entendra aussi la Malibran, sœur de Pauline Viardot), dont l’intérêt est surtout de faire la promotion des instruments ! Le 31 janvier 1830, a lieu ainsi dans les salons de la rue Cadet le concert d’inauguration officielle où Kalkbrenner joue son Concerto n°3 pour piano et orchestre, au moment où Ignace Pleyel va laisser à son fils la direction de la société.
 


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Portrait de Camille Pleyel et de Marie Moke
 

D’autres pianistes et élèves de Kalkbrenner vont jouer ensuite à cet endroit comme Marie Moke, éphémère fiancée d’Hector Berlioz et bientôt épouse de Camille Pleyel en 1831… La même année voit la mort en novembre du fondateur, Ignace Pleyel, mais également l’arrivée de Frédéric Chopin à Paris en octobre ; il réside dans une petite chambre située au dernier étage du 27, boulevard Poissonnière d’où il peut contempler Paris (une plaque à peine visible à cet endroit le rappelle), avant d’aller habiter, cinq mois plus tard, au 4, Cité Bergère.

C’est donc dans ces salons qu’aura lieu le 25 février 1832, le premier concert public à Paris du grand pianiste qui allait sceller entre les deux hommes une relation à la fois amicale et professionnelle, qui ne cessera qu’à la mort de l’artiste en 1849.
Celui-ci dira : « Quand je me sens en verve et assez fort pour trouver mon propre son à moi, il me faut un piano de Pleyel ».
Il appréciait en effet particulièrement sur ces pianos leur mécanique légère permettant de marquer les nuances sur les touches. Il emmènera d’ailleurs un pianino (petit piano droit) à Majorque dans la Chartreuse de Valldemossa où il séjournera avec George Sand durant l’hiver 1838-39 !
 


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Pianino de Chopin à Valdemosa.


 

HISTOIRE D'UN CONCERT HISTORIQUE
 

Ce concert a aussi une histoire comme l’a conté le musicologue, Jean-Jacques Eigeldinger[1]. C’est en effet un jeune musicien de vingt et un ans, quasi inconnu en France, qui débarque à Paris le 5 octobre 1831. Muni de quelques lettres de recommandation, il cherche à tout prix à se faire connaitre et rencontre Kalkbrenner qui, auteur d’une Méthode pour apprendre le piano à l’aide du guide-main, et devant le succès rencontré, vient d’ouvrir en novembre de la même année son école de piano au 9, rue Cadet.

Chopin lui voue d’abord une véritable admiration : « Je suis fort lié avec Kalkbrenner, le premier pianiste d’Europe. C’est le seul auquel je ne sois pas digne de dénouer le cordon de sandale ! » Mais quelques semaines plus tard, ce grand engouement s’estompe et Chopin déçu par la froideur, l’absence de naturel du maître, renonce à s’enrôler pour trois ans sous sa coupe : « Je suis tellement convaincu que je ne serai jamais une copie de Kalkbrenner que rien ne pourrait m’ôter l’idée et le désir de créer un monde nouveau. »
Les deux hommes ont cependant des ambitions qui se rejoignent :
Kalkbrenner veut faire apparaître le pianiste polonais en qui il perçoit un immense talent, comme son protégé et Chopin, voyant dans les pianos Pleyel, véritables instruments « non plus ultra » selon lui, le meilleur moyen de faire carrière à Paris. Ils resteront d’ailleurs toutes leurs vies en termes courtois et respectueux.


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Affiche du concert du 25 février 1832  -   Portrait de Frédéric Chopin                                                  
 

Le concert réunissant les deux artistes et d’autres invités était prévu pour être joué initialement le 25 décembre 1831 mais il est d’abord ajourné au 15 janvier suivant, en raison de l’indisponibilité d’une des cantatrices conviées, puis au 25 février 1832 en raison d’une indisposition de Kalkbrenner lui-même. À noter que Jean-Jacques Eigeldinger a pu retrouver des documents prouvant que celui-ci n’a donc pas eu lieu le 26 février comme cela a été longtemps affirmé, sur la base notamment d’une « coquille » présente sur le compte-rendu de l’événement fait par François-Joseph Fétis, critique musical belge reconnu et professeur au Conservatoire …
Or d’autres témoignages et surtout l’affiche datée du 25 février 1832 (retrouvée dans une bibliothèque new-yorkaise !) semblent rétablir la vérité historique.  Celle-ci met en avant la présence de Chopin avec l’intégralité de son Concerto n° 1 pour piano en mi mineur (joué ici en deux parties, pour piano seul et quatuor) et ses Grandes Variations Brillantes sur un thème du Don Giovanni de Mozart : La ci darem la mano. L’autre clou de cette soirée est la Grande Polonaise pour 6 pianos de Kalkbrenner, dont Chopin parle ainsi : « J'y donnerai de plus avec Kalkbrenner une Marche suivie d'une Polonaise pour deux pianos avec accompagnement de quatre autres. C'est quelque chose de fou. Kalkbrenner jouera sur un immense pantaléon[2]. J'aurai un petit piano monocorde (mais dont le son porte loin comme les sonnettes des girafes[3]). Quant aux autres instruments, ils sont grands et feront orchestre. »

Il s’agissait en effet de mettre aussi en valeur la qualité des instruments fabriqués par la société Pleyel et Cie ! Le concert est également scandé par des morceaux chantés qui allongent la durée de celui-ci. Pour ce concert a priori public (le prix du billet étant de 10 F), l’assistance est cependant choisie, la colonie polonaise parisienne y est bien représentée, Fétis évoque même un « auditoire d’élite » où on peut citer outre Camille Pleyel et sa femme Marie, Louis Adam, Félix Mendelssohn, Clara Wieck (bientôt Schumann), ou Franz Liszt qui dira : « Nous nous souvenons de sa première apparition dans les salons Pleyel, où les applaudissements les plus redoublés semblaient ne pas suffire à notre enthousiasme, en présence de ce talent qui révélait une nouvelle phase dans le sentiment poétique, à côté de si nombreuses innovations dans la forme de son art ».
Un autre témoignage sur cette fameuse soirée montre l’importance de l’événement : « Notre cher Frédéric a donné un concert qui lui a apporté un grand renom et un peu d’argent. Il a battu à plat de couture tous les pianistes d’ici. Tout Paris en est abasourdi ! Ce concert fait d’ailleurs l’objet de nombreux rappels où Chopin joue quelques Mazurkas et Nocturnes.

Il est probable toutefois qu’une centaine de personnes tout au plus se pressaient ce soir-là dans l’antichambre et le petit salon (les messieurs se tenant debout comme le voulait la coutume de l’époque), les six pianos dont il est question dans la Grande Polonaise occupant sans aucun doute la majeure partie du grand salon de 60 m2.


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Grand salon - Piano Pleyel de 1928 en bois d'ébène.
 

On sait aussi que Frédéric Chopin n’aimera jamais se produire dans de grandes salles, préférant l’intimité des salons parisiens.  « Je ne suis point propre à donner des concerts. La foule m’intimide. Je me sens asphyxié par ces haleines précipitées, paralysé par ces regards curieux, muet devant ces visages étrangers », dira-t-il plus tard. Il se consacrera surtout aux leçons, fort bien rémunérées, qu’il donne pour la bonne société parisienne ou polonaise en exil …

Il devait finalement ne donner que deux autres concerts rue Cadet, le 25 décembre 1834, un duo avec son grand ami de l’époque, Liszt et le 15 mars 1835 avec Hiller et Osborne. Sa collaboration avec Camille Pleyel se poursuivra encore dans la nouvelle salle ouverte rue Rochechouart en 1839, accueillant jusqu’à 550 personnes, avec des concerts en 1841, 1842 et surtout le 16 février 1848 pour son dernier concert à Paris, quelques jours avant le renversement de Louis-Philippe.
 


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La nouvelle salle Pleyel 22 rue de Rochecouart.
 

LE DÉBUT D'UNE AUTRE ÉPOQUE

Dès le début des années 1840, l’activité des salons Pleyel de la rue Cadet est en effet alors transférée au nouveau siège de la rue Rochechouart mettant fin ainsi à une période de plus de douze ans sous le signe de la musique à cet endroit.

La manufacture Pleyel de la rue Rochechouart brûlera cependant en partie en 1851 (les ateliers étant alors installés à Saint-Denis) et sera définitivement démolie en 1926 pour laisser la place à une zone en déshérence, puis en 1970 au Centre Valeyre, regroupant notamment une école, une piscine, un gymnase et une bibliothèque.

Faut-il enfin rappeler que la prestigieuse société Pleyel, a cessé malheureusement toute production industrielle fin 2013, avec pourtant près de 250 000 pianos fabriqués depuis 1807 !


D’autres types d’occupation vont alors débuter dans les locaux de l’ancien Hôtel Cromot du Bourg, bien éloignés de l’ambiance pianistique précédente : d’abord Caisse hypothécaire puis studio de photographie avec les frères Berthaud qui exploitent la surélévation de l’aile sur cour du XVIIIe siècle réalisée en 1865.
Un peu plus tard au début du XX
e siècle, c’est la société Chevojon, qui va occuper pendant près d’un siècle les mêmes lieux, studio « d’art industriel », aux 40 000 clichés archivés d’architecture urbaine, comme le montrait encore l’enseigne du portail sur rue déposée lors des travaux de réhabilitation puis remise et repeinte avec éclat. La famille Dutuit va investir également dans cet hôtel qu’elle occupera la deuxième partie du XIXe siècle, leur très importante collection d’art sera ensuite léguée au Petit Palais dès les premières années 1900 et l’Hôtel lui-même deviendra alors la propriété de la Ville de Paris. On trouvera aussi pendant près de 100 ans à partir de 1919 (à l’endroit occupé par les salons Pleyel) le Syndicat professionnel des Négociants en perles et pierres précieuses qui utilisera même le grand salon comme restaurant ... Le Centre de recherche sur la diaspora arménienne aura lui des bureaux au 2e étage sur rue entre 1983 et 2013. Beaucoup plus récemment, en 2004, la Commission du Vieux Paris a établi son siège à cet endroit pendant une douzaine d’années.
 


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Le grand salon après restauration.
   


En 2018, à la fin des travaux de restauration de l’ensemble immobilier du 9, rue Cadet, outre des logements sociaux occupant les étages supérieurs; se sont installés dans les fameux salons du premier étage de l'aile sur cour l’Agence Nelly Rodi spécialisée dans le conseil en création. L’ancienne halle de l’imprimerie construite en 1881 dans la cour par l’architecte des magasins de la Samaritaine, Frantz Jourdain, a aussi été réhabilitée, mais le grand plateau nu qu’elle offre n’a pas trouvé encore de repreneur pour une activité nouvelle (la danse ?).

Mais c’est là une toute autre histoire …
 


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Entrée rue Cadet de l'Hôtel Cromot du Bourg avant  et après restauration.

 


Emmanuel FOUQUET
 

1 Chopin et Pleyel, par Jean-Jacques Eigeldinger, Fayard, © 2010.
2 Sans doute ici un piano à queue
3 En référence à un piano vertical.

 

© Emmanuel Fouquet 2018-2019 © 9e Histoire - 2018-2019


Date de création : 02/06/2019 • 11:22
Catégorie : - Articles-Architecture
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