L'Hôtel de Ville - février 2019
Les participants de 9ème Histoire dans la Salle du Conseil de l'Hôtel de Ville - © Claire Laudrin
Visite de L’Hôtel de Ville de Paris
Le 18 février 2019, par une belle journée ensoleillée, une cinquantaine d’adhérents de 9ème Histoire, ont pu visiter le siège de la municipalité parisienne, l’Hôtel de Ville.
Ce bâtiment grandiose fait suite à d’autres bâtiments, notamment à un premier beaucoup plus modeste appelé la « Maison aux Piliers ». C’est Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, qui fit, en 1357, l’acquisition de cette demeure pour y abriter la municipalité parisienne. Au XVIe siècle, cette maison tombant en ruines, les officiers municipaux obtinrent de François Ier la construction d’un palais de style Renaissance, dessiné par l’architecte italien Domenico Da Cortona, dit le Boccador. Il fut construit entre 1533 et 1628 puis agrandi et reconstruit en partie au XIXe, sur les plans de Godde et de Lesueur.
Réduit en cendres en 1871, durant la Commune de Paris, par un incendie qui fit disparaître une partie des archives de la ville, il fut décidé de raser le bâtiment et de confier la construction du nouvel Hôtel de Ville aux architectes Théodore Ballu (1817-1885) et Édouard Deperthes (1833-1898). La construction en fut rapide et le nouvel Hôtel de Ville fut inauguré le 13 juillet 1882. Sa façade, de 143 mètres de long, fut pratiquement reconstruite à l’identique. À l’heure actuelle, cet édifice est le plus grand bâtiment municipal d’Europe.
Pauline Véron accueillant les participants de 9ème Histoire et Séverine Roseau conférencière. © Daniel Bureau.
Notre conférencière, Séverine Roseau, nous fit commencer la visite par la Salle du Conseil municipal à laquelle on accéda après avoir gravi les cinquante marches de l’escalier d’Honneur ; là nous attendait l’adjointe au maire chargée de la démocratie locale, de la participation citoyenne, de la vie associative et de la jeunesse, Pauline Véron, qui nous donna quelques indications sur le fonctionnement de cette assemblée composée de 163 conseillers (dont le nombre par arrondissement dépend du nombre d’habitants) élus pour une durée de six ans. Ce sont ces conseillers qui élisent le/la maire de Paris.
Les réunions se tiennent généralement une fois par mois et durent environ trois jours, parfois quatre, les propositions faites par le/la maire ayant été examinées auparavant dans des commissions spécialisées. Les adjoints au maire sont d’un nombre variable, supérieur à 20, chacun étant en charge d’un domaine spécifique (logement, éducation, culture, voirie…). Les réunions sont publiques ; on peut y assister depuis une des trois tribunes (l’une est réservée au public ; une autre aux invités et enfin la troisième à la presse). On peut également suivre certains des débats sur Internet.
Vitrail des Passementiers - © Claire Laudrin Armoiries de Paris - © Mairie de Paris
Après la présentation du Conseil de Paris par Pauline Véron, notre conférencière reprit la parole pour expliquer les armoiries de la Ville de Paris, présentes au-dessus de la tribune : la nef centrale rappelle que les marchands qui dominaient la cité étaient les marchands d’eau, au-dessus du navire la présence de fleurs de lys indique la loyauté au roi et au-dessus encore, la couronne crénelée évoque les fortifications de la ville. Sous le navire est inscrite la devise de Paris : « Fluctuat nec Mergitur ». Les armoiries sont également ornées de trois décorations : la croix de la Légion d’Honneur, celle de la Guerre 1914-1918 et celle de la Libération.
Puis commença la visite des salons de réception. L’Hôtel de Ville accueille environ six cents manifestations par an et la visite des salons ne peut se faire que selon leur disponibilité. L’Hôtel de ville reçoit toutes les personnalités étrangères en visite officielle d’Etat, déjà reçues par le Président de la République, et abrite, par ailleurs, de multiples événements, le choix du salon se fait en fonction du nombre de personnes attendues et de la nature de la réception.
Si l’Hôtel de Ville précédent avait été décoré lors des travaux d’agrandissement par des artistes aussi célèbres que Delacroix et Ingres, les salons actuels n’en sont pas moins fastueux et prestigieux.
Étienne Marcel épargnant le Dauphin. © Mairie de Paris
Le premier salon visité fut celui appelé « Salon Jean-Paul Laurens », (1838-1921), dans lequel le peintre toulousain montre l’évolution du rôle joué par la municipalité du XIIIe au XIXe siècle , avec une insistance de la part de la conférencière sur deux œuvres : un premier tableau représentant Étienne Marcel (et les marchands en lutte contre le pouvoir royal) épargnant le dauphin ; le deuxième dépeint le premier maire de Paris, Jean-Sylvain Bailly, recevant, trois jours après la prise de la Bastille, le roi Louis XVI qui reconnaît le pouvoir municipal et reçoit, de la main du maire, la cocarde tricolore, mêlant les couleurs bleu et rouge de la ville de Paris au blanc des Bourbon. La scène se passe place de Grève (la plage où accostaient les bateaux des marchands), aujourd’hui parvis de l’Hôtel de Ville, où avaient lieu au Moyen-Âge des exécutions capitales puis, plus tard, où les Parisiens venaient faire « grève », c’est-à-dire chercher de l’emploi, avant, plus tard, de faire grève, au sens moderne de l’expression, pour manifester leur mécontentement.
Jean-Sylvain Bailly, recevant, trois jours après la prise de la Bastille, le roi Louis XVI. - Photo © Daniel Bureau.
On traversa ensuite un salon/ salle à manger (le « Salon Georges Bertrand ») dont le décor illustre le thème de l’Agriculture (à l’époque, la majorité de la population française en vivait). Le plafond est divisé en trois compartiments dont les peintures célèbrent la Terre : dans le panneau central, un laboureur devant ses bœufs saluant le soleil qui monte à l’horizon. Des niches sur les côtés abritent des figures allégoriques (chasse de Barrias, pêche de Falguière, moisson de Chapu, chant de Dalou, toast d’Idrac…) Ce salon est éclairé par de grandes baies vitrées donnant sur la rue Lobau.
Le salon G. Bertrand - © Mairie de Paris
Puis on parvint à la plus belle salle : la Salle des Fêtes, considérée comme la réplique républicaine de la Galerie des Glaces du Château de Versailles ; elle est un peu moins longue (50 m contre 73) mais un peu plus large (14 m contre 10). Elle est éclairée par douze lustres en cristal de Baccarat, les peintures au plafond sont de Henri Gervex (1852-1929), Aimé Morot (1850-1913) qui célèbrent la musique et la danse et de Benjamin Constant (1845-1902) (peinture au centre, avec la Ville de Paris conviant la population à ses fêtes). Au plafond on voit les armoiries de Paris et le blason de la République Française, RF. Entre les compartiments du plafond, des enfants sculptés soutiennent des cartouches portant la devise républicaine inscrite en lettres d’or : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Autour de la salle, seize pendentifs contiennent les figures allégoriques des régions françaises (dont une de l’Algérie sous la forme d’une femme voilée), soulignant l’unité nationale retrouvée.
La Salle des fêtes - © Claire Laudrin
Ensuite, le Salon Puvis de Chavannes (1824-1898), conçu comme un lieu de passage, illustre le thème des saisons : deux compositions monumentales s’y font face : l’Eté et l’Hiver.
On pénètre ensuite dans le Salon des Arcades, divisé en trois parties séparées par des arcades latérales ; dans la première, dédiée aux Sciences, avec au centre « La Vérité, entraînant les sciences à sa suite, répand sa lumière sur les hommes », plafond d’Albert Besnard (1849-1934) ; la deuxième célèbre l’Art avec la peinture de Léon Bonnat (1833-1922) « Le Triomphe de l’Art » ; la troisième illustre les Lettres et la peinture centrale, « Les Muses Parisiennes », est de Jules Lefebvre (1834-1912). Les panneaux des arcades sont décorés par des vues de Paris et aux deux extrémités se dressent des cheminées monumentales. Les fenêtres de ce salon surplombent la Seine et l’île de la Cité, révélant une vue magnifique par cette belle journée d’hiver.
Escalier Renaissance - © Daniel Bureau.
Avant de quitter l’Hôtel de Ville, on longe un couloir donnant sur une cour intérieure qui révèle un escalier Renaissance inspiré de celui du Château de Blois et en regagnant l’escalier d’Honneur, on découvre alors qu’il est double, que deux escaliers se font face, donnant une impression de miroir.
Un grand merci à Pauline Véron et à Séverine Roseau pour avoir permis cette visite passionnante.
Hélène TANNENBAUM
© 9ème Histoire - 2019
Catégorie : - Echos du Terrain
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