Flaubert et le 9e
Portrait de Flaubert par Eugène Giraud - 1856 - Domaine pubic.
FLAUBERT ET le 9e arrondissement
Il est né en 1821 ; c’est un normand, mais toute sa vie, il a fait de longs séjours à Paris[1] où il fréquente ses amis artistes dans le périmètre des Grands Boulevards.
Jeune, en 1842, il a brièvement séjourné rue Le Peletier à l’Hôtel de l’Europe. C’est Théophile Gautier qui l’introduit dans le cercle des diners littéraires.
Le Café Magny (suivre ce lien), devenu ensuite Le Brébant, les accueille très souvent. Il devient proche des frères Goncourt (suivre ce lien) qui ne le ménagent pas, mais l’apprécient néanmoins !
Jules et Edmond de Goncourt © DR © Le Point Culture.
Dans leur journal, ils le disent « provincial, barbare », mais il est invité chez eux 43 rue St Georges, eux vont à Croisset, ils se retrouvent chez la Princesse Mathilde[2] qu’ils adorent tous.
Buste de la Princesse Mathilde par J.B. Carpeaux - 1863 - © RMN Musée d'Orsay - Photo Hervé Leyrit
Flaubert surnomme les Goncourt « les bichons », et eux disent souvent « …nous trois » comme si Gustave était le troisième frère !
Plus étonnante encore, la proximité de Flaubert avec Baudelaire (suivre ce lien) : Les deux ont eu à subir la censure et l’affinité entre les regards sur le monde porté par le romancier et par le poète a engagé Baudelaire à écrire l’article de l’année le plus pénétrant sur Madame Bovary.
Tourgueniev par Ilya Repin - 1874 - © Galerie Tretiakov
Flaubert remercie chaleureusement Baudelaire : « Vous êtes entré dans les arcanes de l’œuvre, comme si ma cervelle était la vôtre »
Baudelaire a eu la curieuse idée en 1862 de se porter candidat à l’Académie Française ! Il demande à Flaubert son appui par l’intermédiaire de Jules Sandeau[3], Flaubert lui écrit « Faites cela ! Nommez-le, ce sera beau ! »
Il est aussi des dimanches chez Aglaé Sabatier (suivre ce lien) « La Présidente » 4, rue Frochot, muse et madone de Baudelaire.
Au cours des diners au Brébant et ailleurs sur les Boulevards, il développe une grande amitié avec George Sand, elle a su l’apaiser, le soulager, lui redonner courage. Elle lui écrit de Nohant : « Il faut venir passer quelques jours avec nous, nous tâcherons de te distraire et de te secouer un peu »[4]
Flaubert découvre également Tourgueniev : « un colosse charmant, un doux géant qui a l’air d’un vieux et bon génie d’une forêt ou d’une montagne » disent les Goncourt.
Après 1870, il retrouve les lundis au Café Riche (suivre ce lien) Zola, Tourgueniev, Daudet et Edmond Goncourt pour « le dîner des auteurs sifflés »[5]
Dans son œuvre aussi, la vie des Boulevards, de ses cafés et de ses restaurants est très présente : Frédéric Moreau emmène Madame Arnoux dîner à La Maison Dorée[6] (l’Éducation sentimentale).
Au moment où l’on commémore le bicentenaire de sa naissance, un rappel de la grande présence de Flaubert dans le 9e se doit d'être évoqué.
Françoise ROBERT
Sources :
Michel Vinock – Flaubert –Éditions Gallimard.
[1] Un tiers de l’année il est parisien, généralement en hiver et au début du printemps. Le reste du temps il voyage ou est à Croisset (propriété de Flaubert près de Rouen)
[2] Fille de Jérôme Bonaparte, elle tient un salon réputé rue de Courcelles
[3] Ex-ami de George Sand.
[4] Il a de gros soucis au sujet de sa nièce bienaimée Caroline et son ami très cher Louis Bouilhet est mort.
[5] Tous ont eu des déboires d’insuccès au théâtre.
[6] Maintenant siège de banque, elle était située au coin du Boulevard et de la rue Laffitte.
© F. Robert 2021 - 9ème Histoire 2021
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