Joséphine Baker au Panthéon
© A. Puyôou 2021 © 9ème Histoire 2021
JOSÉPHINE BAKER AU PANTHÉON
Le 30 novembre, le sous-lieutenant Joséphine Baker, née Josephine Freda Mac Donald le 3 juin 1906, sera notre sixième femme « panthéonisée », après Simone Veil, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, bien après Marie Curie. Toutes quatre le furent au titre de leurs mérites propres. La première, Sophie Berthelot, entra au Panthéon simplement pour accompagner son époux, le scientifique Marcellin Berthelot.
Tel a été, le 21 juillet, le choix du Président de la République auquel on avait préparé une liste de plusieurs noms (parmi lesquels ceux de Gisèle Halimi et Louise Michel). Ainsi progresse le respect des femmes dans notre société (1) avec une meilleure reconnaissance dans « le temple des Grands Hommes » (2) de celles qui ont joué un rôle dans l’histoire de la France.
On le doit au travail de fond depuis plusieurs années du Collectif pour des Femmes au Panthéon - rassemblant plusieurs mouvements comme Osez le féminisme, les féministes en mouvement, la Coordination pour le lobby européen des femmes et la Barbe - qui proposait Olympe de Gouges, la guadeloupéenne Solitude, Louise Michel, Simone de Beauvoir, etc.
A la demande de François Hollande, le président du Centre des Monuments Nationaux, Philippe Bélaval, avait lancé il y a quelques années une consultation ouverte sur le site internet du CMN pour mieux cerner les attentes de l’opinion publique et il découvrit un besoin de féminisation. On le doit enfin précisément au groupe de personnalités venues plaider ce choix (proposé par la famille Baker depuis 2013) : Pascal Bruckner, Laurent Voulzy, Jennifer Guesdon, Laurent Kupferman, Brian Bouillon-Baker (un de ses fils adoptifs), etc. Une pétition pour Joséphine lancée il y a deux ans avait réuni 38 000 signatures.
Affiche de Jean Chassing - 1931 - © BNF Département des estampes et photos.
LA REVANCHE DE « TUMPIE »
C’est l’histoire d’une petite fille bâtarde (son supposé père refusera d’épouser sa jeune mère qui lui en voudra), misérable, vivant dans le ghetto mal famé de Gratiot Street, au sud de la ville de Saint-Louis (Missouri), marchant pieds nus, se battant avec les rats et les puces, admirable sœur aînée mise au service des trois enfants suivants de sa mère, si bien joufflue qu’on la surnomma « Tumpie » (nom d’un bibendum chocolat d’une chanson américaine qui lui restera en famille), prostituée occasionnellement, mariée à douze ans (3). Cette petite fille osa s’enfuir à treize ans en intégrant comme domestique et figurante une troupe de passage, les Dixie Steppers, espérant pouvoir réaliser son rêve : apprendre à danser, chanter et faire rire sur scène.
Joséphine connut une première revanche avec un succès phénoménal dans le music-hall parisien en 1925 sous le nom de son second mari (avec « La Revue nègre »), devenant rapidement une star mondiale, puis la coqueluche des Français jusqu’à sa mort (par AVC en 1975, à 69 ans) après une première et dernière série de représentations anniversaires à Bobino qui avait réuni le Tout-Paris du spectacle.
Très fière de son uniforme de l’Armée de l’Air française qu’elle aima porter longtemps bien après sa démobilisation, de là où elle est, Joséphine devrait savourer cette ultime revanche, peut-être due aussi un peu à sa lutte contre le racisme qu’elle ne cessa de combattre partout dans le monde (y compris aux côtés de Martin Luther King et dans le cadre de la Lica, devenue la Licra), peut-être aussi un peu portée par la vague du « wokisme » et du « décolonialisme » d’aujourd’hui. Mais sa « panthéonisation » est une mise à l’honneur ô combien méritée par sa bravoure, ses hauts faits de guerre, son dévouement total à sa patrie et sa générosité pour ses concitoyens.
DEPUIS L’AFRIQUE DU NORD
Joséphine Baker, « vénus d’ébène », reine du charleston et maître des grimaces, est plus connue dans le monde pour les trémoussements de sa plastique exceptionnelle, mise en valeur à demi nue par une ceinture de seize bananes en soie en érection autour de sa taille, conçue par le costumier des Folies Bergère en 1926 (« La Folie du jour » (4), et la déclaration de sa voix de velours pour ses deux amours (chanson écrite par Géo Koger et mise en musique par Vincent Scotto, créée en 1930 pour « Paris qui remue » au Casino de Paris, Grand prix du disque en 1931), plus admirée comme artiste que comme sous-lieutenant de l’armée française.
Et pourtant… C’est son engagement dans la Résistance qui fera d’elle une héroïne exceptionnelle et l’installera profondément dans le cœur des Français.
Antinazie, antifasciste, antiraciste, elle se porta volontaire fin 1939 et s’engagea avec enthousiasme dans le contre-espionnage à Paris aux côtés du capitaine Jacques Abtey qui ne tarit pas d’éloges à son sujet (5). Elle lui déclara : « La France m’a faite ce que je suis. Je suis prête à lui donner ma vie. Disposez de moi comme vous l’entendez, capitaine ». Elle a vite fait partie des « honorables correspondants » bénévoles qui ont mis leurs yeux et leurs oreilles au service du Deuxième bureau.
Disposant d’un brevet de pilotage (acquis en juin 1937 à Guyancourt), Joséphine fait d’abord partie des infirmières pilotes secouristes de la Croix-Rouge, puis elle intègre l’équipe des infirmières de l’hôpital de la rue du Chevaleret (Paris 13e) qui sont chargées de détecter les espions allemands parmi les malades. Sa nouvelle chanson signée Scotto, « Mon cœur est un oiseau des îles » emplit les dortoirs d’un parfum d’exotisme… Elle enchaîne parallèlement des réunions de charité et assure des concerts biquotidiens sur la ligne Maginot, tandis que rue de Clichy les représentations de la revue « Paris London » (avec Maurice Chevalier) reprennent devant un nombre de spectateurs limité à celui des abris environnants.
Après l’exode, Joséphine se replie avec Abtey en Dordogne, au château des Mirandes, qu’elle a loué et où est réfugiée toute la famille Lion. Ils y créent un service de renseignement pour l’Intelligence Service. Chaque soir, on y écoute une voix venue de Londres et on favorise le passage des clandestins vers la France libre voisine. Le danger d’être découverts augmentant, Abtey (devenu Jacques Hébert) s’installe à Lisbonne et lui demande de remonter sur scène pour gagner de l’argent : elle jouera « La Créole » d’Offenbach à l’Opéra de Marseille.
Puis c’est l’Afrique du Nord où ils sont des intermédiaires entre le Deuxième bureau et l’Angleterre via le Portugal. Amie des animaux depuis son enfance, elle demanda à faire venir de Dordogne à Alger son chien danois, ses nombreux singes et ses souris blanches. Puis elle s’installe à Casablanca et enfin à Marrakech, soutenue par des grandes familles locales investies dans la Résistance. Bien que souffrant de problèmes intestinaux graves qui lui valurent plusieurs opérations au Maroc, Joséphine retournait chanter en France et traversait des milliers de kilomètres de déserts en jeep pour se produire en Libye, au Liban, en Égypte, à Jérusalem… faisant passer des documents au risque de sa vie.
En remerciement, de Gaulle lui offrira à Alger une petite croix de Lorraine en or, qu’elle revendra quelques jours plus tard aux enchères à Beyrouth pour une somme d’argent extravagante destinée à venir en aide aux troupes françaises.
Personne, sauf elle, ne semblait mesurer alors l’importance de la montée du sentiment antifrançais au Moyen-Orient. « Tumpie », considérant ses efforts comme normaux, ne cherchera jamais ni reconnaissance ni gratitude. Le 23 mai 1944, affectée à l’état-major général de l’Armée de l’Air comme officier de propagande, elle tint à signer une déclaration d’abandon de la totalité de sa solde au profit de l’hôpital complémentaire d’Alger. « J’ai gardé d’elle le souvenir du personnage le plus courageux et le plus pittoresque qu’il a pu m’être donné de commander (…) elle exécutait toutes les corvées que nous lui assignions. Elle acceptait tout (…). Elle n’était pas du tout la grande star que nous connaissions tous de notoriété. (…) elle était remarquablement intelligente et astucieuse et son rôle politique en Afrique du Nord (…) a été très important ; le Maroc français de l’époque lui doit énormément » », dira son commandant, Alla Dumesnil. Ses hauts faits de résistance sont encore mal connus des Français.
LÉGION D’HONNEUR ET CROIX MILITAIRE
De retour à Paris en octobre 1944, elle se met au service de la population Elle met sa fabuleuse collection de bijoux au Mont-de-Piété, achète des centaines de kilos de viande pour « les petits vieux », réquisitionne des boulets de charbon.
Sa maison du Vésinet, occupée par les Allemands puis les Américains, est inhabitable. Elle s’installe à l’hôtel et envisage de reprendre les représentations. Le refrain de sa plus célèbre chanson est modifié et devient « Mon pays c’est Paris ». En tournée avec le musicien Joseph Bouillon, elle est sommée de suivre l’avancée des armées alliées jusqu’en Allemagne. Démobilisée en juillet 1945, elle repart avec Jo Bouillon et ses musiciens pour une tournée en Suisse et en Belgique, avec un grand passage à Berlin, au Capitol, avant d’aller chanter en Norvège, en Finlande et au Danemark. Le monde entier est content de la savoir bien vivante et de la retrouver. Mais c’est une période de vaches maigres et rien n’est facile.
Les deux Jo se fiancent à la surprise générale de leurs amis et la Baker commence déjà à songer à prendre sa retraite. « J’ai quarante ans mais je suis lasse comme si j’en avais soixante-dix ». Paris n’est plus ce qu’il était. Paname a changé. Cela n’empêchera pas des « retours » très réussis…
Estimant à dix millions de francs la somme d’argent qu’elle a rapportée à l’armée, le général Bouscat entreprend des démarches pour l’élévation de son amie au rang de chevalier de la Légion d’Honneur en mai 1946. Cette requête sera rejetée plusieurs fois…
Joséphine obtient le 5 octobre 1946 la médaille de la Résistance avec rosette mais il lui faudra attendre dix ans pour le ruban rouge et la croix de guerre. C’est en tournée à Stockholm, le 9 décembre 1957, que Joséphine apprend sa nomination à l’Ordre national de la Légion d’Honneur, grâce à Jacques Chaban-Delmas. Le 19 août 1961, elle reçoit la croix de guerre 1939-1945 avec palme de bronze des mains du général Martial Valin.
Cette « panthéonisation » est faite aussi pour rappeler l’indéfectible engagement qu’elle prit contre le racisme, et notamment la ségrégation aux États-Unis. En 1964, elle y retourna pour soutenir le mouvement des droits civiques aux côtés de Martin Luther King et elle participa à la Grande Marche sur Washington avec son vieil uniforme de l’Armée française. A Cuba, elle s’était engagée dans les années trente à créer une organisation en Amérique latine contre le racisme et elle soutint en 1965 (avec Régis Debray) la « Conférence tricontinentale » destinée à émanciper les pays du Tiers-monde des sphères d’influence soviétique et chinoise. Cela faisait évidemment pour elle partie de ses engagements antiracistes.
LES MILANDES, UN PUITS SANS FOND
En 1947, malade, elle ira se refaire une santé en Dordogne, au château des Mirandes, qu’elle fera renommer officiellement « Milandes » (parce qu’elle n’aimait pas prononcer le « r »). Elle y épouse sans enthousiasme Jo Bouillon, toujours intéressé par les beaux jeunes hommes malgré ses efforts pour le faire changer. Ces deux personnalités volcaniques n’arrêteront pas de se disputer à tout propos. « Un mariage qui n’en est pas vraiment un », dira Jacques Abtey.
Un tour d’Europe à guichets fermés va renflouer leurs finances et leur permettre de donner une autre dimension aux Milandes, d’en faire un centre touristique de luxe, un « village du monde », une « capitale de la fraternité », une sorte de Club Med avant l’heure.
Les Folies Bergère lui préparent un fastueux grand retour commenté dans le monde entier tandis que leur domaine mal baptisé « Sans souci » prend forme. Jo Bouillon, aidé par le décorateur Jean Dives, est l’homme de la situation. Les touristes affluent. On vient en famille. On mange et on dort sur place. Les Milandes compteront jusqu’à 119 salariés !
Joséphine s’épuise et enchaîne tournée sur tournée pour continuer à financer son rêve. Mais ses caprices, son affection sans limite pour les enfants abandonnés et les animaux, une mauvaise gestion, des directeurs filous et la concurrence d’autres parcs ont peu à peu fait prendre l’eau au navire. Cette star flamboyante, qui ne savait pas compter, qui ne voulait pas compter, finira sa vie célibataire, ruinée, couverte de dettes, expulsée (en 1969).
Des artistes comme Brigitte Bardot et Jean-Claude Brialy lui viennent en aide mais le trou est abyssal. La vente du domaine à l’encan, à un prête-nom, au dixième de sa valeur d’expertise, ne couvrira pas les dettes C’est la princesse Grace de Monaco qui la sauve de la rue, elle et ses treize enfants adoptés à la cinquantaine, sa « tribu arc-en-ciel » des Milandes, en leur offrant une grande maison sur le rocher. Pour s’en sortir, Joséphine, malgré son âge, remettra encore le feu aux planches, avec des costumes extravagants, un style et un talent qui forçaient l’admiration.
Fronton des Folies Bergère - © D. Bureau
UNE STAR DANS LE 9e
Égérie des cubistes qui vénérèrent son style, elle suscita l’enthousiasme des Parisiens pour le jazz. Joséphine Baker a beaucoup travaillé dans les cabarets et les music-halls du 9e arrondissement. Les Folies Bergère et le Casino de Paris ont assuré ses plus grands succès à partir des Années Folles. Dans ses Mémoires (1927), elle confie que les « girls » de « La Revue nègre », qui la rendit célèbre en 1925 (et dont Sidney Bechet qui faisait partie des musiciens), résidaient dans un hôtel de la rue Henri-Monnier et qu’elle a habité rue Fromentin.
Une plaque au 40 rue Fontaine rappelle aux passants que c’est là qu’elle ouvrit, avec le soi-disant « comte » Pepito Abatino, son concubin et mentor de talent, un cabaret, « Chez Joséphine », où elle venait tous les soirs en sortant d’une représentation au Casino de Paris voisin. Elle aimait y retrouver Jean Cocteau ou Colette et elle y fit connaître le jazz afro-américain. C’est au Bal Tabarin, qu’elle enregistra en 1931, avec l’orchestre de Georges Sellers, « J’ai deux amours ».
ADULÉE
Les Français l’ont adorée, tout entière, à la fois l’artiste, la femme engagée, la femme libérée, la maman, passionnée, l’oiseau des îles… et lui ont tout pardonné. Ses excentricités, ses excès, ses dettes, ses aventures. Si aucun des films auxquels elle a participé n’est passé à la postérité, la liste des œuvres qu’elle a inspirées, tant au cinéma que dans la littérature, la peinture ou la sculpture est impressionnante. Pour que le public puisse venir lui rendre facilement hommage, le Panthéon ouvrira ses portes (gratuitement) les 4 et 5 décembre.
On peut figurer au Panthéon sans pour autant y reposer. C’est le cas de Jean Moulin ; ce sera le sien. Son entrée est concrétisée par un « cénotaphe » (une plaque sans le corps du défunt) car sa dépouille restera à Monaco où elle repose depuis 1975, dans le caveau en grès noir d’Afrique que son amie Grace Kelly a fait élever pour elle et Jo Bouillon.
Anick Puyôou
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Notes
- Vous n’aurez pas été sans remarquer que la rue La Rochefoucauld (que vous pensiez peut-être devoir rendre hommage au duc François et ses Maximes, est depuis peu bien précisée comme celle de « Catherine de La Rochefoucauld » (1667-1760), célèbre abbesse de Montmartre nommée en 1735 par Louis XV. De même le boulevard et la rue de Rochechouart rendent bien hommage désormais à l’abbesse de Montmartre Marguerite (1665-1727). C’est le seul boulevard « féminisé » de Paris. On le doit au Conseil de Paris qui a décidé en octobre 2019 la « mise en valeur des voies parisiennes portant un nom de femme ».
- Cette belle et grande église fût construite par l’architecte Soufflot à la demande de Louis XV, réchappé d’une grave maladie, entre 1764 et 1790, et consacrée à sainte Geneviève. Pendant la révolution française, en 1791, l’Assemblée constituante a fait transformer l’édifice en nécropole nationale. Le « Panthéon » devint pour la première fois un « temple » destiné à « recevoir les grands hommes de l’époque de la liberté française », reléguant ainsi la nécropole royale de Saint-Denis aux temps anciens. Mirabeau fût le premier à y entrer le 4 avril 1791 mais il n’y resta que trois ans, remplacé par Marat, lui-même destitué en 1794. Entrèrent cette même année Voltaire et Rousseau, qui y sont toujours côte à côte malgré leur peu de sympathie l’un pour l’autre. En 1806, Napoléon 1er rendit l’édifice au culte religieux. Sous Louis-Philippe il redevint « Panthéon ». Enfin si Napoléon III lui redonna son nom d’origine d’église de Sainte Geneviève, c’est l’inhumation de Victor Hugo le 1er juin 1885 qui rendit définitivement le Panthéon à la République. Les députés de la IIIe République furent alors chargés de décider de l’attribution des places. Depuis plusieurs années, le choix des entrants revient au Président de la République. Si l’on y trouve de tout, des écrivains aux scientifiques, les militaires y dominent. Le plus gros contingent a été placé en fait par Napoléon 1er qui y destinait tous les dignitaires de l’Empire morts en fonctions.
- Joséphine, insatiable séductrice, parfois bisexuelle, eut quatre maris et un concubin sicilien (qu’elle présentait comme son troisième mari). Le premier mari, Willie Wells, l’épousa lorsqu’elle avait douze ans (et se mit à tricoter de la layette) et on en sait peu de choses sauf qu’il était alcoolique ; il fût vite abandonné et jamais père. Elle n’était pas divorcée et elle se déclara sa sœur quand elle voulut épouser à quinze ans William Baker en septembre 1921 à Philadelphie. Son succès à New York l’en éloigna et l’été 1925 elle embarqua seule sur un paquebot en direction de Paris (via Cherbourg), où on lui avait promis le premier rôle de « La Revue nègre » au Théâtre des Champs-Elysées. Devenue célèbre sous ce nom, elle succomba en 1926 au charme d’un pseudo aristocrate sicilien, Pepito Abatino, qui se révèlera un excellent manager et un bon mentor pendant neuf ans. Il restera son ami après qu’elle l’eût abandonné quelques mois pour Jacques Pills. Les membres de la famille de Pepito, notamment sa sœur et sa nièce, resteront proches de « Giuseppina » et viendront la rejoindre aux Milandes et à Monaco.
C’est son troisième mari, un très séduisant homme d’affaires normand d’origine juive, Jean Lion, qui lui fera acquérir la nationalité française en novembre 1937. Ils se sépareront après une fausse couche et divorceront en 1941. Six ans plus tard, elle épousera son dernier compagnon, le chef d’orchestre Joseph Bouillon, en Dordogne, avec une cérémonie religieuse dans la chapelle gothique de son château des Milandes. Jo abandonna sa carrière artistique pour l’aider à élever leur « tribu arc-en-ciel », développer et tenter de gérer le somptueux parc d’attraction de rêve qu’elle avait imaginé en Dordogne. Exilé en Argentine après leur séparation définitive en 1963, Jo Bouillon est inhumé à ses côtés à Monaco.
- Éblouie par son succès, provocatrice, elle confiera avec son parler cru au journaliste René Pujol venu l’interviewer pour « Le Tourbillon noir » : « On aime beaucoup mon derrière à Paris, on le trouve à la fois confortable et artistique. C’est à lui qu’on offre des bonbons et des fleurs. S’il tombait malade, s’il se flétrissait, je n’aurais plus aucune espèce de célébrité. Ce qui m’a le plus flattée c’est d’entendre dire qu’il est espiègle et spirituel. Depuis que je sais cela, j’ose à peine m’asseoir dessus ! ».
- Cf « La guerre secrète de Joséphine Baker », de Jacques Abtey, aux Éditions La Lauze.
© A. Puyöou 2021 © 9ème Histoire 2021
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