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La Maison de Médan

 © 9ème Histoire - 2022
 


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La maison de Zola et le Musée Dreyfus à Médan  -  © H.T.
 


La maison de Zola et le musée Dreyfus à Médan
 


La visite de la maison de Zola à Médan, tant de fois prévue par 9 ème Histoire et tant de fois reportée pour cause de travaux a enfin eu lieu par une belle journée de début d’automne.

La ville de Médan à laquelle Zola accédait par le train, au départ de la gare Saint-Lazare, située tout près des deux résidences successives de l’écrivain dans le 9 e, au 26, rue Ballu et au 21 bis, rue de Bruxelles, n’est désormais plus accessible par train sauf le jour du pèlerinage Emile Zola à Médan, le 1er dimanche d’octobre.
 

Emile Zola fit l’acquisition de cette maison qu’il qualifiait de « cabane à lapins » en 1878, grâce à l’argent que lui avait rapporté « L’Assommoir » et au gré de ses succès littéraires, il put adjoindre au bâtiment initial deux tours « Nana » et « Germinal » puis acheter des terrains aux alentours et une parcelle de terre sur l’île de Platais située face à la maison, sur la Seine et où il fit installer un chalet, le « Paradou », pour les amis qui lui rendaient visite.

Au rez-de-chaussée de la maison se trouvent une grande salle de billard, une salle à manger et une cuisine très moderne pour l’époque. Dans l’entrée sont affichées des photos de la maison au temps des Zola (certaines prises par l’écrivain lui-même qui s’était passionné pour ce nouveau moyen d’expression) qui ont permis, lors de la restauration, de reconstituer aussi fidèlement que possible le décor d’origine.
 


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La cuisine et les vitraux de la salle de billard de la maison de Zola  -  © H.T


La salle de billard au sol carrelé de la maison Facchina, aux vitraux de Baboneau, à la cheminée précédée d’une mosaïque représentant une salamandre, abonde en objets divers (armes, sculptures, tableaux, tapisseries…) illustrant les goûts éclectiques de Zola lors de ses achats auprès des brocanteurs de l’époque. Partout, dans la maison, des objets religieux (peintures et sculptures de la Vierge, statues de Bouddha…) qui pourraient laisser penser à une certaine religiosité de la part de Zola mais qui, selon notre guide, seraient plutôt le reflet d’une mode partagée par ses contemporains, tout comme l’était le goût pour un mobilier et des tentures « gothiques ». Le cuir de Cordoue sombre qui tapissait les murs de la salle à manger a été remplacé, lors de la restauration, par un papier peint de même tonalité, imitant le cuir.

A l’étage, le vaste cabinet de travail de l’artiste, aujourd’hui très clair (les vitraux d’origine probablement semblables à ceux de la salle de billard, ont été remplacés par du verre transparent) donne sur le jardin et au loin sur la Seine aujourd’hui cachée par de grands arbres encore couverts de feuilles en ce début d’automne.
 

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Le cabinet de travail de Zola  -  ©  H.T.
 


Dans l’autre tour, la lingerie d’Alexandrine Zola : l’épouse de Zola, de condition extrêmement modeste, avait été lingère à ses débuts et c’est là aussi qu’évoluait Jeanne Rozerot, la jeune lingère des Zola et future mère des enfants d’Emile.
Les deux autres pièces de l’étage, la chambre à coucher des Zola et la salle de bains, sont de dimension plus modeste et on n’y pénètre pas mais cette dernière révèle bien la modernité du lieu.

C’est dans cette maison que Zola réunissait ses amis, notamment ceux qui allaient constituer le groupe de Médan (Maupassant, Hennique, Céard et Alexis) et avec lesquels il allait publier, en 1880, un ouvrage de six nouvelles « Les Soirées de Médan ». Après la mort de Zola en 1902, Alexandrine conserva la maison jusqu’en 1905, date à laquelle elle en fit don à l’Assistance Publique.
Inscrite aux Monuments Historiques en 1983, cette maison fit l’objet d’une restauration avant de devenir musée. Après une brève ouverture, la maison fut fermée en 2011 pour trois ans de travaux et ne rouvrit au public qu’en 2021 (!), enrichie d’un bâtiment consacré à l’Affaire Dreyfus. Le rôle joué par Zola dans la défense du capitaine Dreyfus (publication de « J’Accuse !... »  dans l’Aurore du 13 janvier 1898) obligea l’écrivain à s’exiler à Londres pendant près d’un an pour éviter la prison et fut sans doute la cause de sa mort par asphyxie,  à son domicile parisien, rue de Bruxelles, à son   retour de Médan, en 1902.

La deuxième partie de notre visite se déroula dans une annexe de la maison aujourd’hui aménagée en un musée consacré à l’affaire Dreyfus. C’est Philippe Oriol, historien, qui nous guida dans cette visite.

Nous sommes, dès l’entrée, confrontés à tous les protagonistes de l’affaire, qu’ils soient dreyfusards ou anti-dreyfusards ; les murs sont tapissés de leurs photos, format carte postale. Certains d’entre eux sont photographiés plusieurs fois, à différents moments de leur existence ou dans différents habits. La salle suivante est consacrée à « Deux enfants de la République » et leurs familles : Emile Zola, « l’Italien » et Alfred Dreyfus « l’Israélite ».  Dans les autres salles, on explique l’engagement de Zola et les mouvements suscités en France et à l’étranger par l’affaire Dreyfus et en fin de parcours la conclusion de l’affaire pour chacun des deux protagonistes : la mort et la panthéonisation pour Zola et la réhabilitation pour Dreyfus. Grâce à ce musée d’un caractère très pédagogique et aux documents d’une grande diversité (articles de presse, affiches, photos, caricatures, tracts, chansons, extraits de films…) on comprend mieux cette affaire qui provoqua antisémitisme et xénophobie et divisa la France en deux camps et pour laquelle des hommes ont donné leur vie pour faire triompher la vérité et la justice.
 


Hélène TANNENBAUM
 




 


© 9ème Histoire - 2022
 


Date de création : 26/09/2022 • 10:16
Catégorie : - Echos du Terrain
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