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La Sculpture dans l'Opéra de Garnier

LES RÔLES JOUÉS PAR LA SCULPTURE
DANS L'OPÉRA DE CHARLES GARNIER


Une conférence d’Anne Pingeot le 26 mai 2015 à la mairie du 9e


Une fin d’après-midi de mai, les adhérents de 9ème Histoire et les amoureux de la mairie du 9e furent invités à venir écouter Anne Pingeot, conservatrice honoraire au musée d’Orsay, historienne de l’art français mais surtout spécialiste des sculptures du 19 e siècle d’abord au Louvre puis à Orsay, nous parler non pas vraiment de  Charles Garnier mais du Charles Garnier qui voulut presque faire oublier qu’il était architecte pour nous faire connaître le Charles Garnier qui veut que son « architecture puisse devenir vivante et colorée » et que « c’est surtout dans un opéra que la carrière est ouverte. »

La salle se remplit, Anne Pingeot commence de commenter tout ce que va vouloir notre architecte avec photos projetées sur le grand écran de la salle du conseil.

 Sur son opéra, il voulut « avoir des rappels de points dorés et c’est cela surtout qui (l’) a conduit à mettre ces inscriptions ».  A l’opéra, les frontons sont clos, mais la lyre s’invite. Il faut entendre cette phrase de Garnier qu’ « une allégorie bien étudiée peut aider à faire de la bonne architecture…que la lyre se comprend tout aussi bien que la croix du Christ, la balance pour la justice et l’ancre pour l’espérance… ».
Partisan du retour à la polychromie, Garnier combat la « chromatophobie », c’est-à-dire que « tout autour de nous  vit par sa couleur autant que par sa forme… ». Thomas, son fidèle compagnon de Rome qui a obtenu le Grand Prix pour sa sculpture la même année que lui en 1848 va lui être d’un précieux concours : suggestion de faire des cariatides en marbre blanc, mettant à mal le désir de polychromie de son ami.
Celui-ci répliqua «  Mon cher Thomas, tu te souviens des statues du Bernin à Rome, de ces draperies échevelées, de ces bras en télégraphe et de ces jambes en tire-bouchon ? Eh bien, il faut faire pire que cela…….du Bernin de mauvais goût ! Ma corniche du bas te gêne ; et bien déhanche tes figures ; pose les coudes sur les bases des colonnes … ». Thomas fut, paraît-il, effrayé. Il n’en aurait pas dit autant à Carpeaux que nous allons bientôt retrouver.

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Toute la conférence fut de ce récit du désir impérieux de Charles Garnier de faire naître son architecture vivante et colorée. Les immeubles haussmanniens montent tout autour de la place et menacent d’enserrer son édifice, Garnier va augmenter l’attique. D’autres sculptures vont servir d’assise à la base de l’édifice.
Puis, en décembre 1863, Garnier choisit son autre ami Carpeaux … 
« Je suis dans la plus grande joie car je viens d’être choisi par Garnier pour remplir une des plus belles pages de l’Opéra. Je suis chargé de faire un des grands bas-reliefs de la façade dans l’esprit de l’Arc de Triomphe… ».

Garnier et Carpeaux vont continuer de travailler sur l’opéra, ils ont le même don de vie surabondante. Études des silhouettes encore et encore, têtes, tronc et jambes de chevaux et puis torchères, « figures s’enroulant autour d’un candélabre… ». Il faut quitter Garnier, « Les œuvres que je demande sont indispensables, elles font partie de l’ordonnance et de la composition générale tout autant que les figures de Jean Goujon font partie de la cour du Louvre… »

Anne Pingeot nous fit découvrir mille richesses des sculptures qui ornent l’opéra avec quelque chose de malicieux dans la voix et le tracé du pointeur sur l’image à l’écran, les répliques à deux voix de Garnier et Carpeaux (lues) par Emmanuel Fouquet et Didier Chagnas.

Beaucoup d’applaudissements la remercièrent, seule une question lui fut posée : c’est quoi la « chromatophobie ». ? 

Nous ne repasserons plus de la même façon devant l’opéra de Garnier!

 

Dominique PIQUEMAL


Date de création : 20/06/2015 • 09:36
Catégorie : - Echos du Terrain
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