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Exposition Maignan

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Albert Maignan -  Le Tambourin

À LA DÉCOUVERTE DE L’ATELIER D’ALBERT MAIGNAN
À LA FONDATION TAYLOR

C’est une visite un peu différente de celle prévue initialement que les adhérents de 9ème Histoire, présents cette après-midi du 21 avril, ont pu faire dans le cadre des locaux de la Fondation Taylor du 1, rue La Bruyère.

Yves Dodeman membre du comité de direction de la Fondation Taylor (et adhérent de 9ème Histoire !) a d’abord présenté celle-ci en rappelant son origine en 1844 par le baron Taylor, philanthrope et amoureux des arts, et le rôle joué ensuite par Albert Maignan comme membre puis président de 1905 à 1908. Il rappela ensuite que cette dynamique fondation de 5.000 membres vivant exclusivement de ses dons, défend la création artistique contemporaine en soutenant des artistes démunis qu’elle sélectionne, en attribuant de nombreux prix et en organisant des expositions. 

François Legrand, président de la commission des expositions de la Fondation, et lui-même peintre, après une brève évocation de cette remarquable exposition consacrée à l’œuvre d’Albert Maignan décorateur, a préféré alors, se déclarant non spécialiste de cet artiste, nous renvoyer à la lecture des différents cartels explicatifs  (très complets) présents dans chaque salle. 
L’assistance, en ayant pris son parti, se dispersa donc dans les lieux mêmes où Albert Maignan avait travaillé  pour admirer le travail de ce « peintre et décorateur singulier du Paris fin de siècle » (1845-1908), comme présenté par les commissaires de l’exposition.

L’artiste, familier du 9e puisque il avait habité avec sa famille le 45 rue Taitbout à l’âge de 20 ans,  fut en effet membre de la Fondation Taylor en 1879, puis son président de 1905  jusqu’à sa mort en 1908 dans la villa de sa femme à Saint-Prix, au pied de la forêt de Montmorency (Val d’Oise). Sa femme, elle-même pastelliste et  fille du peintre Charles-Philippe Larivière, que Maignan avait épousée en 1878 à l’église Notre-Dame -de-Lorette, léguera à sa mort en 1947 l’hôtel particulier du 1, rue La Bruyère qui avait été leur maison pendant des années et dont le peintre avait fait son atelier en rehaussant le dernier étage en 1878 afin de pouvoir travailler sur des grands formats.  

Ses œuvres ont trouvé par ailleurs refuge pour la plupart au Musée de Picardie à Amiens, aujourd’hui partenaire de l’exposition.

En parcourant les salles de la Fondation, y compris dans ses divers recoins, nous fut ainsi donnée l’occasion de  suivre le parcours d’un artiste multiforme à la fois peintre, illustrateur et décorateur, d’inspiration le plus souvent  symboliste et naturaliste. Il connut la célébrité à la fin du XIXe, après avoir obtenu diverses distinctions au Salon des artistes français auquel il participa à partir de 1867 et notamment la médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1889 pour son chef-d’œuvre Les Voix du Tocsin.  Cela allait valoir en effet à Albert Maignan, jusqu’alors plutôt portraitiste et peintre de scènes historiques, des commandes de diverses institutions publiques ou privées pour décorer des sites, notamment parisiens.  

C’est ce travail de décoration qui est particulièrement montré ici avec un grand nombre de dessins préparatoires et d’esquisses que l’artiste s’obligeait à exécuter pour chaque œuvre commandée.

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Décors d'Albert Maignan
 

On peut percevoir ainsi la belle technique du maître, son sens du mouvement mais aussi ses tâtonnements avant l’aboutissement de l’œuvre, les couleurs utilisées étant la plupart du temps plutôt dans les tons médiums.

En parcourant les différentes salles, on découvre alors successivement :
- les dessins et esquisses pour des modèles de tapisserie, réalisés en 1895, qui allaient décorer la salle des conférences du Sénat autour du thème des Métamorphoses d’Ovide,
- le travail sur les écoinçons illustrant des personnages de la littérature française (Pantagruel, Phèdre…), qu’il fit pour le Salon des Lettres à l’Hôtel de Ville (1891), à l’occasion de sa reconstruction après l’incendie lors de la Commune.
- dans l’ancienne cour (sous verrière aujourd’hui), le travail réalisé en 1897 pour des panneaux et le plafond du foyer de l’Opéra Comique, lors de sa restauration à la suite également d’un incendie,  qui illustre des personnages d’œuvres comme La Dame blanche ou Les Noces de Jeannette.
- dans un petit local attenant à la cour couverte, avec sa cheminée d’époque (ancienne maison des employés),  on découvre la légère décoration florale commandée pour les salons de l’Hôtel Homberg, rue Murillo, aujourd’hui détruit.
- les esquisses et dessins réalisés en 1894 pour les panneaux de la grande salle de la chambre de commerce de Saint-Etienne sont elles d’inspiration nettement naturaliste en  illustrant l’agriculture.
- c’est cette même inspiration qu’on relève dans les travaux préparatoires des panneaux décoratifs de la salle des Fêtes de l’Exposition Universelle de 1900 ou encore dans les études pour le décor, la même année, du restaurant Le Train bleu à la gare de Lyon (La Bourgogne, Les Fêtes d’Orange).
- au sous-sol, dans la cave voûtée,  se trouvent les dessins et esquisses pour la décoration du plafond de la chapelle Notre-Dame de Consolation (1900), rue Jean Goujon, construite en mémoire des nombreuses victimes de l’incendie du Bazar de la Charité en 1897et représentant Le Christ recevant dans sa gloire les victimes de la Charité.   

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 Les Voix du Tocsin

Les visiteurs durent  ensuite prendre l’ascenseur pour se hisser au 5e étage  et atteindre l’atelier de l’artiste où s’offre alors le tableau monumental des Voix du Tocsin (5,5m x 4,5m !) datant de 1888. L’idée  de cette toile lui serait venue en se rendant dans la coupole de l’église de Saint-Prix dans le Val d’Oise.

C’est  donc à l’endroit même de sa création  qu’est restaurée actuellement la toile, auparavant au musée de Picardie à Amiens et déroulée pour la première fois depuis 1918 ! Elle est cependant peu visible dans son ensemble en raison de l’échafaudage mis en place. Yves Dodeman nous a d’ailleurs laissé entendre que ce tableau monumental et difficile à présenter vu sa taille, pourrait en définitive rester sur place à la Fondation…

On ne peut là que deviner les délicats camaïeux de gris de l’oeuvre, avec une force pourtant qui rappelle les tableaux de Michel-Ange, Albert Maignan ayant effectué de nombreux voyages en Italie, avait en effet une grande admiration pour les maîtres italiens.  

Dans la même salle on peut voir aussi un certain nombre de dessins et d’esquisses ayant servi à l’élaboration de l’œuvre et sous une petite rotonde sur le côté, des photos de l’artiste au travail et avec sa femme.

En se rendant sur la mezzanine, les visiteurs ont pu apprécier également les œuvres elles mêmes et les esquisses de deux tableaux réalisés dans ce même atelier : La mort de Carpeaux et La muse verte, tous deux d’une grande intensité dramatique.

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      L'apothéose de Carpeaux                                                                   La Muse Verte (détail)

Une visite qui a permis à chacun d’apprécier à son rythme l’œuvre de cet artiste, aujourd’hui un peu oublié, et que la Fondation Taylor remet ainsi à l’honneur à travers cette exposition.  

      

Emmanuel FOUQUET


Date de création : 22/04/2016 • 16:41
Catégorie : - Echos du Terrain
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