Un Café Littéraire
UN CAFE LITTÉRAIRE : LE CAFÉ MAGNY
DE LA RIVE GAUCHE AU BOULEVARD CHEZ BRÉBANT
En 1862, les Goncourt parlent du « Dîner Magny », 3 rue de la Contrescarpe (actuelle rue Mazet) qui réunit deux fois par mois : Sainte-Beuve, Flaubert, George Sand, Gautier, Taine, Gavarni, entre autres.
Le Restaurant Magny, 3 rue de la Contrescarpe - Le Café Brébant, boulevard Poissonnière
Dès 1870, le Café Magny « déménage » chez Paul Brébant, boulevard Poissonnière, au coin du Faubourg Montmartre. En effet, Magny avait épousé en 1846 Ernestine Brébant, sœur de Paul.
Lieu de rencontre, de conversation, le lundi vers 18 heures.
Sainte-Beuve © Nadar - Gallica George Sand © Nadar - Gallica Flaubert © Nadar - Gallica
George Sand dit: « On paie dix francs par tête, le dîner est médiocre, on fume beaucoup, on parle en criant à tue-tête et chacun s’en va comme il veut ! »
Les Goncourt donnent une idée des thèmes abordés : affaires croustillantes (disparition de la cassette de Morny renfermant le portrait de toutes ses conquêtes, un chef de bureau du Ministère de la Guerre fournissant des mignons à la Garde…), conversations qui choquent souvent George Sand.
Jules de Goncourt ajoute une histoire salée qui révolte Mme Sand : « vous savez, dit-elle, que je déteste ce genre de conversation »,
« Oh, alors nous allons la recommencer » répète Flaubert, « Je te le défends » s’écrie Mme Sand. Flaubert rit de son beau rire.
Sainte-Beuve parle de Madame Récamier qu’il a bien connue, Fromentin parle de l’Égypte…!
Ils évoquent leur vision de Dieu, l’évolution humaine, parlent politique, littérature, suprématie de Hugo ou de Musset ? ou Racine ?
Gautier proclame « Voltaire infect » etc.
Edmond de Goncourt Gavarni
En 1870, tout ce beau monde s’installe chez Brébant. Les débats et participants sont plus politiques. En 1883, Goncourt signale « une transfusion de nouveaux dans notre vieux dîner Magny en train de mourir »
Gambetta y apparaît régulièrement jusqu’à sa mort le 31 décembre 1882 et les dîners s’espacent avant de disparaître.
Goncourt : « il n’y a pas plus de cohésion entre tous les messieurs disparates qui les composent actuellement qu’entre des gens qui descendent de diligence pour dîner à table d »hôte ».
Outre le dîner Magny, Brébant en abrita d’autres : le dîner des Spartiates, le dîner du Bœuf Nature autour de Zola, le dîner des Rigobert (autour de Detaille, l’écot était payé d’un dessin, ou d’un croquis), le dîner Bixio (journalistes et membres de l’Institut), le dîner des Vingt (20 de chaque mois) où l’on voyait Gounod, Gérome…
Après la Commune, tous ces gens célèbres offrirent à Paul Brébant une "médaille d’or" figurant dans les collections de Paris Musées.
© Paris Musées Collections
Sources :
« La Vie Parisienne » Robert Courtine - Librairie Académique Perrin
« Les Salons de la IIIe République » Anne Martin-Fugier - Librairie Académique Perrin
Françoise ROBERT
Catégorie : - Un Lieu à Découvrir
Page lue 7804 fois