Daniel-Henry Kahnweiler
Daniel-Henry Kahnweiler Découvreur des Cubistes
Il fait connaître Juan Gris, Vlaminck, Fernand Léger en 1913, Braque, Derain, Picasso, le sculpteur Manolo et expose leurs œuvres contre l’exclusivité de leur production et leur fidélité ; celui-ci leur offre une sécurité matérielle (mensuelle) à valoir sur le capital des toiles passant entre ses mains. De ce fait, les artistes peuvent se consacrer à leur œuvre (Durand-Ruel avait d’ailleurs fait de même).
Allemand d’origine juive, d’une famille de banquiers de Stuttgart, il installe avec l’aide de ses oncles une galerie 28 rue Vignon en 1907, ce qui était une rareté, les marchands d’art étant à l’époque presque tous situés rue Laffitte.
Un souffle de liberté et de création s’étend à Paris, à la suite de la révolution impressionniste et les étrangers affluent de toute part. À commencer par les artistes d’Espagne (Juan Gris, Picasso), d’Italie (Modigliani, Chirico), de Bohême (Kupka), du Mexique (D. Riviera), des Pays-Bas (Van Dongen, Mondrian), de Russie (Chagall)…
Portraits de D.H. Kahnweiler - de gauche à droite: par Kees Van Dongen 1907-1908 © Musée du Petit Palais Genève - par Picaso 1910 © Art Institute Chicago - par Juan Gris 1921 © MNAM Centre Pompidou Paris
Certains s’installent définitivement et se font même naturaliser, travaillent à Montmartre, puis à Montparnasse. Dans le panorama contrasté des manifestations patentées et des contre-salons, le grand marchand à mi-chemin du négoce et du mécénat, paraît ressembler à Daniel-Henry Kahnweiler.
Robert Delaunay - 1907 - Portrait de Wilhelm Uhde © Wikicommons
Wilhelm Uhde, son ami et compatriote, grand connaisseur et mécène, lui conseille d’aller voir Picasso au Bateau-Lavoir de Montmartre. Les « Demoiselles d’Avignon » le subjuguent et il pressent la rupture que ce tableau représentera.
Picasso - Les Demoiselles d'Avignon Détail 1906-1907 - © MOMA New-York
Kahnweiler devient le marchand de Picasso, le mouvement cubiste est né ! Braque est exposé dans sa galerie (27 toiles !)
Le critique d'art Louis Vauxcelles donne un avis : « … il construit, écrit-il de Braque, des bonshommes métalliques et déformés et qui sont d’une simplification terrible. Il méprise la forme, réduit tout, sites et figures et maisons, à des schémas géométriques et à des cubes… » Le mot est lâché, il va faire fortune : le cubisme est consacré.
Georges Braque - Le viaduc à l'Estaque 1908 © MNAM Centre Pompidou Paris
En 1913, Camille Mauclair est encore plus violent : « Un cloaque de toqués et d’indésirables, qui, à la fin, dégoûte Paris et appelle la rafle. Parmi les blancs, la proportion de sémites est de 80% et celle des ratés à peu près équivalente ».
Apollinaire encourage le mouvement, mais Kahnweiler n’aime pas ses critiques d’art : « grand poète mais ne connaissant rien à la peinture». Il ne s’inquiète guère des bruits d’une guerre prochaine… l’art a une capitale, mais pas de patrie !
Daniel-Henry Kahnweiler est en Italie à la déclaration de la guerre de 14 et refuse d’être mobilisé dans l’armée allemande. Rentré à Paris en 1920, il deviendra critique littéraire et recevra tout le milieu artistique à son domicile de Boulogne. Il meurt en 1979, après s’être réfugié dans le Centre entre 1940 et 1943.
Françoise ROBERT
D’après l’ouvrage de Michel Winock « Les Derniers Feux de la Belle Époque » chronique culturelle d’une avant-guerre 1913-1914 – Le Seuil éditeur.
© F. Robert 2018 © 9e Histoire 20184
Catégorie : - Fiches Express-Figures du 9e
Page lue 6006 fois