Fixés sous Verre- janvier 2019
LES DÉCORS FIXÉS SOUS VERRE
DES BOUTIQUES PARISIENNES
L’assemblée générale de 9ème Histoire du 30 janvier 2019 a été suivie, comme nous en avons pris l’habitude, par une petite conférence. Cette année, c’est Aline Boutillon qui nous a parlé des décors fixés sous verre des boutiques parisiennes, à l’aide d’un diaporama très fourni, qui a permis à l’auditoire de découvrir cette richesse patrimoniale souvent méconnue.
Ainsi que nous l’indique notre conférencière, qui connaît bien son sujet, puisqu’elle est l’auteur de l’ouvrage Vitrines du Passé, l’Art du Fixé sous verre à Paris, cette mode est née sous le Second Empire. Elle a concerné plus particulièrement les commerces d’alimentation, principalement les boulangeries, mais aussi les crémeries et les charcuteries. Appliquée d’abord aux devantures, elle s’est rapidement étendue aux plafonds et parfois même aux murs des magasins. Outre son côté esthétique, cette technique offrait l’avantage de l’hygiène, puisqu’il suffisait d’un coup d’éponge pour nettoyer les surfaces.
Ancienne boulangerie, à l’angle de la rue du Chemin-Vert et de la rue Popincourt, transformée en boutique de prêt-à-porter
Boulangerie au 59, rue de Charenton. Les fixés sous verre se retrouvent au plafond, ainsi que sur les murs en dessus de porte.
La peinture était réalisée à l’huile sur une toile ordinaire. Une fois sèche, celle-ci était collée, à l’aide d’une colle transparente, au dos d’un panneau de verre lorsqu’il s’agissait d’une devanture ; pour les plafonds, elle était découpée en carrés que l’on collait au dos de carreaux de verre de mêmes dimensions ; ces derniers étaient ensuite fixés au plafond, préalablement quadrillé de lattes de bois, par de grosses vis.
La plupart des plafonds étaient peints sur le modèle des plafonds à l’italienne, très en vogue dans les hôtels particuliers dès le XVIIe siècle.
Notre conférencière nous explique que chaque catégorie de commerce avait des motifs qui lui étaient propres.
Pour les boulangeries, c’étaient les travaux des champs, ainsi que les outils s’y rapportant.
La représentation de fruits évoque les tartes et les brioches.
Boulangerie 26, rue des Martyrs (détail du plafond) Boulangerie 14, rue Rambuteau (détail du plafond)
Parmi les très nombreuses photos de ce diaporama, nous avons pu voir, toujours au chapitre des boulangeries, quelques putti, ces amours ailés d’origine italienne, ou encore des instruments de musique, parfois associés aux symboles de l’amour.
Au plafond des crémeries, c’étaient les activités de la ferme qui étaient à l’honneur.
Quant aux charcuteries, nous découvrons que le cochon, animal jugé vulgaire, n’y figure que sous la forme de pâtés ou de jambon. En revanche, le gibier, à poils ou à plumes, y est largement représenté.
Parfois, le décor n’a pas de rapport avec le type de commerce, comme au plafond de la boulangerie située à l’angle des rues Rodier et de La Tour d’Auvergne…
…ou dans l’ancienne Charcuterie du Panthéon, rue Saint-Jacques, où le décorateur Renato Panzani a peint des vues du vieux Paris et de magnifiques vases Médicis…
…ou encore à celui d’une ancienne crémerie, rue Danielle Casanova, rare exemple du style Art déco.
Notre conférencière ayant gardé le meilleur pour la fin, nous faisons avec elle une incursion dans la pâtisserie Stohrer, rue Montorgueil, dont les fixés sous verre qui ornent les murs ont été peints par Paul Baudry, l’artiste à qui l’on doit le décor du foyer de l’Opéra Garnier. Le plafond, d’une très grande élégance, est l’œuvre de l’atelier Thivet.
Une frise de fruits et de rinceaux fait le tour de la boutique.
À la fin de la conférence, quelques questions ont permis de préciser certains points mal connus du grand public.
La soirée s’est terminée autour du pot traditionnel.
Rédaction 9H
© 9ème Histoire - 2019
Catégorie : - Echos du Terrain
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