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Fastes Royaux aux Gobelins

© D. Piquemal 2009 © 9éme Histoire 2014


FASTES ROYAUX AUX GOBELINS

Louis XIV, Mécène et Collectionneur

L'association 9ème Histoire a organisé une visite commentée de la magnifique exposition dédiée à une sélection de chefs-d’œuvre de la collection de tapisseries de Louis XIV à la Galerie des Gobelins par Arnauld Brejon de Lavergnée, directeur des collections du Mobilier national et commissaire de l'exposition. Qu'il soit ici permis d'en retracer quelques éléments tirés de la présentation qu'en a faite le commissaire, tant au long de ses commentaires savants et enthousiastes devant les tentures présentées, que par l'historique accompagnant le petit journal de l'exposition.

Louis XIV a hérité de bien des choses somptueuses et parfois méconnues comme un vieux fonds royal formé à partir de François Ier de tentures dont le nombre était estimé à 400 environ, brodées de fils d'or et d'argent malheureusement brûlées en 1797. Certaines célèbres comme «Les Chasses de Maximilien» ont néanmoins été sauvées puis déposées par le Mobilier national au musée du Louvre. Henry IV avait fait établir une manufacture au faubourg Saint-Marcel à Paris en 1607 et favorisé la création de nombreuses tentures pendant la première moitié du XVIIe siècle, travaillées par des lissiers d'origine flamande d'après des cartons de peintre célèbres. Il convient de préciser qu'une tenture est une pièce composée d'un ensemble de tapisseries, de même qu'on parle de «carton» pour évoquer le support artistique émanant de la création d'un artiste et de lissiers s'agissant des tapissiers.

 Dès 1660, Colbert, surintendant des Bâtiments achète pour le roi des centaines de tableaux et acquiert, jusqu'en 1683, des tapisseries ayant appartenu au Surintendant Fouquet, dont certains tissages d'après Raphaël, ou à l'ancien ministre le Cardinal de Mazarin, de même que de la famille des Guise qui possédait une des plus belles collections jamais recensées en France, dont «Les Chasses de Maximilien» déjà évoquée et «Les Ages des Guise». Après l'héritage et les acquisitions des années 1660, l'Etat est devenu mécène par la décision du roi de fonder les manufactures des Gobelins en 1662 et de Beauvais en 1664. Plusieurs milliers de tapisseries y seront tissées jusqu'en 1715.

Un artiste a nourri certaines de ces oeuvres maîtresses à trois périodes significatives, il s'agit de Raphaël qui fut jusqu'à la fin du XVIIIème le peintre privilégié des mécènes et des collectionneurs. Trois dates, 1530, 1630 et 1670 correspondent à des périodes de campagne de tissages inspirées de l’œuvre de l'artiste italien:

- dans les années 1530, le roi François Ier acquiert un exemplaire de la tapisserie  des «Actes des Apôtres» dont le carton original avait été créé pour la Chapelle Sixtine au Vatican. Henri VIII d'Angleterre et Hercule de Gonzague de Mantoue en détenaient chacun également un exemplaire. Le premier a disparu en 1797, celui d'Henry VIII à Berlin en 1945, seul l'exemplaire de Gonzague est encore conservé à Mantoue ;

- dans les années 1630, le roi Charles Ier d'Angleterre acquiert à Gênes les cartons originaux de l'artiste italien dans le but de les faire tisser à nouveau dans la manufacture de Mortlake près de Londres. Deux sont parvenus dans la collection du cardinal de Mazarin avant d'entrer dans la collection royale. Ces tissages de Morlake sont considérés comme les plus beaux du XVIIème et les plus célèbres du monde occidental ;

- enfin, et curieusement dans les années 1670 «Les Actes des Apôtres» ont été tissés une seule fois aux Gobelins, mais ont disparu à la Révolution française. Ils avaient, par ailleurs, été tissés vingt ans avant dans la manufacture de Maincy pour le Surintendant Fouquet dans des dimensions plus petites.

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Fragment de la tapisserie les Actes des Apôtres © Mobilier National.

Quant à la collection royale de France, un texte d'un collectionneur notoire du XVIIIe, Nicodémus Tessin, attribuait le carton de la tapisserie  «Les Ages de Guise», à Marcello Venusti, élève réputé de Michel-Ange. Or, il mentionne par ailleurs que les dessins avaient appartenu au banquier Jabach, lequel avait collectionné ceux d'un dénommé Tommaso Vincidor, artiste inscrit comme proche  de Raphaël à Rome. Comme quoi, toute enquête permet de remonter la filière d'une oeuvre de génie, un collectionneur d'origine allemande du XVIIème pour les dessins originaux, une famille prestigieuse pour le tissage et finalement une acquisition d'Etat, mais toujours, le divin Raphaël! Un mot sur Jabach ; naturalisé français, il  posséda un hôtel somptueux, acquit des oeuvres de la collection de Charles Ier d'Angleterre. Louis XIV en fit acheter quelques années plus tard une grande partie dont des dessins et des peintures de Vinci; Raphaël, Véronèse, Giorgone qui sont devenus les plus grands chefs d’œuvre du Louvre.

Après les artistes, les artisans par quelques repères sur les Manufactures Royales:

La manufacture des Gobelins fut créée en 1662 par Colbert regroupant les ateliers du Faubourg Saint-Marcel et de Maincy. Comprenant environ 250 tapissiers, elle fut dirigée d'abord par Le Brun sous Colbert, puis par son grand rival Pierre Mignard sous Louvois Celle de Beauvais, également créée par Colbert en 1664, était consacrée à la réalisation de verdures dans la tradition flamande avant de réaliser, entre autres, les grandes tentures des «Actes des Apôtres » et « des Conquêtes de Louis XIV»

Une troisième manufacture fut créée en 1663, celle de la Savonnerie, au pied de la colline de Chaillot. Elle ne confectionna que des tapis.

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Le Triomphe de Minerve © Mobilier National.

Dominique PIQUEMAL

© D. Piquemal 2009 © 9éme Histoire 2014


Date de création : 16/03/2014 • 22:02
Catégorie : - Arts & Métiers
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