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Jose de San Martin

 © 9ème Histoire - 2019
 



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Portrait de Jose de San Martin par JB. Madou  - 1827  - © Museo Histórico Nacional Buenos Aires

 


LE GÉNÉRAL SAN MARTIN, UN HÉROS DE L’INDÉPENDANCE SUD-AMÉRICAINE
DANS LE 9
E !


 


Devant une salle du Conseil bien remplie et en présence d’une jeune représentante de l’ambassade argentine, Denise Anne Clavilier, auteur de deux ouvrages sur le général José de San Martin parus aux éditions du Jasmin, allait détailler la vie d’un des héros de l’indépendance sud-américaine puis ses rapports avec notre arrondissement. Notre conférencière allait noter d’emblée que ce personnage, s’il figure comme un des trois grands libérateurs de l’Amérique du sud au XIXe siècle avec Simon Bolivar et Bernardo O’ Higgins, est sans doute le plus oublié en France, peut-être parce qu’aucune statue en sa mémoire fut édifiée ici de son vivant !
 

Il naît dans la région du Rio de la Plata (actuelle Argentine) en 1778, d’un père capitaine de l’armée espagnole qui sera gouverneur d’une grande région de la future Argentine, et revient avec sa famille en Espagne dès 1785. Il intègre alors d’abord le réputé collège impérial de Madrid tenu par les jésuites puis à l’âge de 11 ans l’école militaire où il devient rapidement sous-lieutenant. Denise Anne Clavilier fait remarquer que sa précocité dans ses études lui fait vite gravir les échelons : il devient capitaine en 1804 en ayant connu déjà les trois armes : infanterie, cavalerie et infanterie de marine, bien plus vite qu’Alexandre Aguado qui a suivi le même parcours et qu’il reverra plus tard ensuite à Paris … Patriote, il vit mal le règne de Joseph Napoléon qui a pris possession de l’Espagne et se bat contre les troupes françaises en 1808 puis part pour l’Angleterre en 1811 où il côtoie des francs-maçons militant pour l’indépendance des territoires espagnols d’Amérique du sud.

Il s’embarque pour Buenos Aires en 1812 et créé dans cette province espagnole qui n’avait pas alors d’armée constituée, un régiment de cavalerie d’élite, les Grenadiers à Cheval. En février 1813, il va connaître la gloire en repoussant les royalistes espagnols qui avaient débarqué à San Lorenzo, première étape de l’indépendance argentine, effective dans les Provinces-Unies du Río de la Plata en 1816. Devenu gouverneur de Mendoza, pendant trois ans il prépare une expédition contre le Chili, territoire doté d’une armée de 5 000 hommes sous l’emprise coloniale espagnole, en imaginant passer la presque infranchissable barrière des Andes avec une petite armée sans beaucoup de moyens et avec des chevaux non ferrés (!)


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                Statue du Gal San Martin à Boulogne-sur-Mer - © Y. Tierny                                          Texte rappelant le souvenir du Général San Martin figurant sur le socle de la statue - © J.L. Boin
 


Le général San Martin va vivre alors une véritable épopée comme commandant en chef de l’armée des Andes, en faisant traverser en plein hiver 1817 la Cordillère des Andes pour entrer en vainqueur à Santiago. Il a pour projet ensuite de s’attaquer aux provinces du Pérou restées également fidèles à l’Espagne et a surtout l’idée d’attaquer, victorieusement, Lima par la mer. Il part ainsi à l’été 1820 depuis Valparaiso au Chili avec une petite flotte de 17 bateaux (!) dirigée par un amiral anglais avec lequel les relations sont pourtant détestables et débarque à Pisco pour rejoindre ensuite Lima dont il fait le siège pour devenir en juillet 1821, à 43 ans, le premier chef d’état en tant que « Protecteur de la liberté » du Pérou. Il ne restera cependant au pouvoir qu’une petite année dans ce pays pour rejoindre Mendoza puis Buenos Aires en 1822 où sa jeune femme, de vingt ans sa cadette, est gravement malade. Inconsolable à la suite de sa mort en août 1823, accusé de conspiration et ne voulant pas prendre parti au milieu des querelles entres fédéralistes et unitaires, il décide de quitter l’Argentine avec sa fille en 1824, avec les titres de généralissime du Pérou, capitaine général de la République du Chili et général des Provinces-Unies du Río de la Plata ! Notre conférencière nous montre d’ailleurs les monuments imposants édifiés en l’honneur de San Martin à Mendoza et Buenos Aires.
 


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Monument au Général place San Martin à Buenos Aires - © Jacques Lanciaux.
 


Le père et la fille s’embarquent alors pour Le Havre d’abord, puis rejoignent Londres pendant 7 mois mais sans ressources ils gagnent Bruxelles où la vie est moins chère en occupant un logement modeste pendant près de sept ans. Après avoir renoncé à revenir en Argentine par manque de soutien sur place au moment de la guerre contre le Brésil, il refuse aussi de se mêler aux mouvements révolutionnaires en Belgique en août 1830. Charles X ne lui avait pas accordé le droit de cité en France mais lui permet simplement de faire entrer sa fille dans un couvent pour qu’elle puisse améliorer son français ! Après les Trois Glorieuses de juillet 1830 et la prise de pouvoir par Louis-Philippe, le nouveau roi permet à José de San Martin de s’établir officiellement en France.

En mars 1831, il retrouve ainsi le banquier Alexandre Aguado côtoyé à l’école militaire en 1804 alors que celui-ci n’était que sous-lieutenant, mais José de San Martin ne fait pas tout d’abord le lien avec ce passé. À cette époque le marquis de Las Marismas del Guadalquivir et par ailleurs banquier à Paris a déjà fait fortune mais est souvent considéré comme un parvenu en éprouvant du mal à se faire admettre dans les salons parisiens. Notre conférencière nous confie qu’Aguado voit vite l’intérêt pour lui de se rapprocher de ce général exilé … Ils deviennent d’ailleurs amis en en venant d’ailleurs assez vite au tutoiement ! Ils se voient à l’Hôtel D’Augny, résidence achetée par le banquier en 1829 et fréquentent ensemble l’Opéra Le Peletier tout proche.
 


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F. Lacona y Fontanet  - Portrait d'Alexander Aguado  - 1832  - © Musée du Romantisme Madrid.
 


San Martin s’installe d’abord dans une grande propriété à Ermenonville dont on ne sait pas exactement si elle appartenait à Aguado. Il a un rang équivalent à celui d’ambassadeur d’Argentine et mène grand train, aidé financièrement par Alexandre Aguado. Il donne ainsi une grande réception lors du mariage de sa fille unique puis s’installe à Évry sur Seine en 1835 dans une belle maison avec grand jardin, ville dont le riche banquier est par ailleurs maire entre 1831 et 1840.

En 1836, il achète un appartement rue Neuve Saint-Georges (aujourd’hui rue Saint-Georges) qu’il va habiter jusqu’en 1848. Trois plaques figurent au niveau du 35, au-dessus de l’actuel pub : The Cross St George, certainement posées par le gouvernement argentin. Il habitait ainsi non loin de la légation argentine qui se trouvait à l’époque au 9, rue de Liège.

À la mort d’Alexandre Aguado à Gijón en mai 1842, les obsèques ont lieu en grande pompe à l’église Notre-Dame-de-Lorette et José de San Martin tient un des cordons du convoi funèbre. Il est aussi un de ses quatre exécuteurs testamentaires, preuve du grand attachement que vouait le banquier au général exilé. Il recevra d’ailleurs une belle somme d’argent lors de la succession. Il avait participé également à la vente aux enchères de l’importante collection de peinture (500 tableaux !) qu’Aguado conservait dans son hôtel particulier de la rue Drouot, même si les œuvres vendues à cette occasion seront malheureusement considérées comme sous-évaluées … C’est à Boulogne-sur-Mer où il était venu habiter, que va s’achever, le 17 aout 1850, la vie du général en exil.
 



L'immeuble du 35 rue St Georges où sont apposées les trois plaques dédiées au Général San Martin.
 


Denise Anne Clavilier termine alors sa conférence fort documentée en soulignant la grande popularité qu’exerce encore aujourd’hui, en Argentine, José de San Martin dont la dépouille avait été finalement ramenée à Buenos Aires en 1880, où il repose désormais dans la cathédrale même. En revanche le souvenir du général à Paris se traduit par le nom d'une avenue dans le parc des Buttes-Chaumont et surtout par sa statue équestre,réplique de celle se trouvant à Buenos-Aires, installée au parc Montsouris en 1960, pour le centenaire de sa mort.
 


                                                                    
Emmanuel FOUQUET

 



 


© 9ème Histoire - 2019.
 


Date de création : 08/02/2020 • 22:20
Catégorie : - Echos du Terrain
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