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Harper's Bazaar - le 16/04/2020 • 09:00 par HTa



 



HARPER'S BAZAAR
 

Premier magazine de mode

 


Pour la réouverture de ses galeries de la mode (après des travaux de rénovation confiés à l’architecte Adrien Gardère, avec mise à nu de la pierre de taille des murs et l’installation d’un nouvel escalier pour accéder au niveau supérieur), le Musée des Arts Décoratifs (MAD) propose une exposition consacrée au magazine de mode américain « Harper’s Bazaar », vieux de plus de 150 ans, ce qui fait de lui le plus ancien magazine de mode existant.

Dans la première salle, il est rappelé que le premier magazine de mode ne date pas de 1867, année de la première parution de Harper’s Bazaar mais qu’il existait déjà au XVIe siècle des almanachs présentant des personnes en costume civil, que Watteau avait peint des figures de mode et qu’il y avait déjà des gazettes de mode au XVIIIe siècle.
 


      
Page de couverture du magazine "Harper's Bazaar" en 1867                                                                   Figures de Mode de Watteau, Femme assise, vers 1710
 


A l’origine, ce sont les frères Harper, à la tête du groupe de presse « Harper & Brothers » (publications plutôt populaires) qui décident de lancer aux États-Unis un magazine de mode hebdomadaire (il deviendra mensuel en 1901), sur le modèle d’une revue berlinoise de l’époque, Der Bazar.

Ce magazine s’adresse essentiellement aux femmes et est destiné à les instruire en matière de mode, de société, d’art et de littérature. Les Harpers en confient la rédaction à Mary Louise Booth qui, pour l’époque, était une femme engagée, aux idées très avancées : elle était journaliste, abolitionniste, suffragiste et partisane de l’union lors de la guerre civile américaine. Elle était également francophile et dès les premiers numéros, elle accorda une grande place à la littérature en publiant des nouvelles de Charles Dickens et de Wilkie Collins.
 

En 1913, le magazine est racheté par le magnat de la presse, William Randolph Hearst, qui passe un contrat d’exclusivité avec le dessinateur russe de Tirtoff, dit Erté (suivre ce lien), qui est proche de Bakst et des Ballets russes (suivre ce lien).

Le magazine entre dans la modernité avec l’arrivée, en 1934, en tant que rédactrice en chef, de Carmel Snow qui confère une importance accrue à la photo en engageant le photoreporter Martin Munk qui, grâce à la photo instantanée donne une image dynamique de la mode.
 



Portrait de Carmel Snow rédactrice en chef de 1934 à 1957 par Cecil Beaton.
 

Carmel Snow, francophile elle aussi, s’entoure d’artistes français : le poète, illustrateur Jean Cocteau, le décorateur Christian Bérard, le peintre Raoul Dufy.

Avec le développement du sport et de la vie en plein air, elle donne une nouvelle image de la femme qui, grâce à la photographie, court, vole…

Elle se montre femme engagée en faisant part de ses vues sur la place des femmes au travail, sur la condition des artistes afro-américains et sur les dures conditions de vie dans les quartiers pauvres des grandes villes. En 1939, elle fait appel au photographe Walker Evans qui avait déjà été employé par le Ministère de l’Agriculture américain pour illustrer les conditions de vie dans l’Amérique rurale durant la grande Dépression.

Le slogan de Snow est d’être en phase avec son temps et pour ce faire, elle s’entoure de précieux collaborateurs : Alexey Brodovitch, à qui elle confie la direction artistique et Diana Vreeland, qui devient chroniqueuse et donne libre cours à son excentricité dans ses chroniques « Why don’t you »

Avec Carmel Snow ce ne sont plus seulement les modèles qui font la couverture de la revue mais aussi les personnalités de l’époque telles que Gloria Vanderbilt, Marella Agnelli qui posent pour un jeune photographe de 21 ans, Richard Avedon dont on connaît la carrière accomplie depuis. Ce photographe inventif et perfectionniste travaillera pendant 20 ans pour « Harper’s Bazaar », passant beaucoup de temps à Paris pour illustrer la série « Paris Report » de Carmel Snow, rubrique qui donne une image d’un Paris de rêve et d’élégance mais l’artiste sait aussi délaisser les beaux quartiers pour afficher les quais de la Seine, de vielles façades et des boutique anciennes.

Pendant les années de guerre, Paris n’est plus au coeur de la mode et le magazine se replie sur l’Amérique, ses artistes et ses nouvelles tendances vestimentaires, telles que le sportswear.

De retour à Paris après la guerre Carmel Snow est éblouie, en 1947, par la collection du jeune Christian Dior ; elle lui dira « Your dresses have such a new look ». « New Look » est justement le nom qui désignera la nouvelle mode.

Elle sera ensuite séduite par le couturier Balenciaga et son admirateur Givenchy qui habillera Audrey Hepburn : on voit justement dans l’exposition un extrait du film de 1957 de Stanley Donen « Funny Face » dans lequel Hepburn joue le rôle d’un modèle posant, à Paris, pour un photographe interprété par Fred Astaire, dont le personnage s’inspire du photographe de « Harper’s Bazaar », Richard Avedon.
 


Dans les années 60, la revue s’enrichit d’un nouvel illustrateur Andy Warhol et fait une large place aux tendances artistiques de l’époque : le Pop Art et l’Op Art.

La conquête de l’espace à la fin de la décennie donne une nouvelle image de la femme qu’illustrent très bien les stylistes André Courrèges et Paco Rabanne.

C’est à cette époque que Warhol réalise une de ses célèbres sérigraphies, celle d’Yves Saint Laurent.



Portrait d'Yves Saint Laurent par Andy Warhol  1972 - © Musée Yves St Laurent.
 


Dans les années 70 à 90, les couvertures du magazine sont souvent consacrées à des stars de cinéma (Farrah Fawcett, Brooke Shields, Sophia Loren, Andie MacDowell, Isabelle Rossellini…).

Lorsque Liz Tiberis en devient la rédactrice en chef en 1999, elle recentre la revue sur l’élégance et accorde davantage d’importance aux créateurs américains (Calvin Klein) et italiens (Versace, Armani).

Dans les années 2000, retour aux stylistes européens avec la nouvelle rédactrice en chef, Glenda Bailey qui donne une grande place à Galliano, Gaultier, Lagerfeld, McQueen

Cette exposition qui suit l’ordre de parution du magazine, montre bien que Harper’s Bazaar s’est fait depuis 1867 l’illustrateur des tendances artistiques (mode, art, photographie, littérature…) de chaque période et de quelle façon il a influencé les arts.

Dans les salles des galeries de la mode sont regroupées la plupart des couvertures du magazine (dans leur ordre de parution), des extraits de films, des photos-cultes, des tableaux et des vêtements (la plupart appartenant au fonds du MAD ou à la Fondation Bergé – Saint Laurent).

L’exposition souligne que Harper’s Bazaar a contribué à la consécration d’artistes déjà célèbres comme Erté et au lancement de jeunes artistes comme Avedon et Warhol et reste un magazine incontournable de la mode après 150 ans d’existence.

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MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS
 

107, rue de Rivoli
75001 Paris

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 11 h à 18 h
 

jusqu'au 14 juillet 2020

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En raison de la crise sanitaire actuelle nous n'avons aucune certitude que le public sera en mesure de visiter  cette exposition censée se terminer le 14 juillet 2020 ou si celle-ci sera prolongée à la rentrée